vendredi , 29 mars 2024
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Des médicaments essentiels sont en voie d'épuisement dans des hôpitaux tananariviens. Des opérations urgentes et vitales ont dû être ajournées.

Situation précaire dans les hôpitaux

Des tonnes de médicaments sont coincés au port de Toamasina, quatre mois après l’installation, par l’Amiral Didier Ratsiraka des barrages, sur les routes nationales, en l’occurrence à Brickaville. Depuis le début de la crise, faute de transports terrestres, des « drugstores » de la capitale se trouvaient dans l’obligation d’augmenter le prix de certains médicaments de 30% en sus des marges bénéficiaires, celles-ci étant déterminées par le syndicat des pharmaciens à hauteur de 35%. Cependant, le prix est généralement variable selon le tarif affiché par les fournisseurs. Les pharmacies sont obligés de les transporter par avion. Des médicaments essentiels, tels que des soporifiques, des calmants et des anti-douleurs, sont très vite épuisés dans les pharmacies.

Une seule opération par jour

Cette insuffisance frappe durement les établissements hospitaliers, notamment les hôpitaux publics. A l’instar de l’hôpital militaire d’Antananarivo qui n’a été ravitaillé que deux fois depuis le mois de janvier, début de la crise, alors qu’en temps normal, l’approvisionnement se faisait deux fois par mois. Des produits anesthésiques font défaut au centre hospitalier de Soavinandriana. En outre, un médecin déplorait, sans préciser la cause, que cet hôpital devait actuellement procéder à un programme d’organisation limité pour les opérations en bloc. Généralement, depuis deux mois maintenant, seulement un patient par jour entre dans le bloc pour une opération chirurgicale au lieu de 7 opérés en temps normal et plus en cas d’urgence.

Par contre, une clinique privée sise dans la capitale ne connaît pas trop de difficulté pour le moment. Pourtant, un thérapeute nous a confié qu’il ne lui reste qu’un stock d’un peu plus de deux mois. Ce sont surtout les médicaments utilisés après
les opérations chirurgicales tels que les paracétamols qui manquent. Il doit alors s’en procurer soit auprès des pharmacies soit auprès des épiceries situées en dehors de la ville et où les consommateurs sont peu nombreux.

Les centrales d’achat de médicaments essentiels se lamentent également de la situation. « On n’a jamais vécu une telle crise depuis la création de cette société, la situation actuelle tue les patients. Elle nécessite d’un remède », déplore un actionnaire d’une centrale d’achat.

Des organismes internationaux tirent la sonnette d’alarme !

Des centres maternels et infantiles souffrent également de cette pénurie. Des vaccins tels que le BCG et anti-polio ont disparu depuis le mois de janvier. Leurs patients sont obligés d’en trouver ailleurs, donc de payer au lieu d’en avoir gratuitement. Sceptiques, des organismes internationaux oeuvrant dans le domaine de la santé
infantile tirent la sonnette d’alarme. Chaque mois, on estime, selon le rapport, à 7500 le nombre d’enfants de moins de 5 ans qui meurt dans le pays. « Sans un approvisionnement correct en produits de traitement et de prévention, ce chiffre pourrait facilement doubler » d’après leur conjecture.

Le Ministre de la Santé du Gouvernement Sylla a préconisé le transport de médicaments par voie aérienne. Le tarif est dans ce cas dix fois plus cher. Dans la conjoncture actuelle, le ministère de la Santé du gouvernement Sylla s’efforce cependant de ne pas faire répercuter cette hausse sur le public en maintenant le prix habituel au niveau des centres hospitaliers.