lundi , 6 mai 2024
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Le président de la HAT ne jure que par la France. Andry Rajoelina met à nouveau un préalable à sa participation à la rencontre avec le président évincé Marc Ravalomanana à Pretoria. Il veut avoir la garantie de la non remise en cause du protocole d’accord proposé par Alain Joyandet. L’entrée en scène du médiateur Joaquim Chissano provoque de la panique et de la nervosité dans le rang de la mouvance Rajoelina.

Sommet de Pretoria : Andry Rajoelina menace de se retirer

Andry Rajoelina menace de ne pas aller à Pretoria pour la rencontre prévue avec Marc Ravalomanana. Le jeune chef de l’autorité de fait exige que les règles du jeu soient claire. Il estime que ce rendez-vous ne devrait s’écarter du protocole d’accord proposé par la France. Andry Rajoelina refuse donc d’entreprendre des négociations, cédant à la pression de ses alliés politiques. Pour Ambohitsorohitra : ce sera  la proposition de la France ou rien. Le déplacement à Pretoria serait inutile si Marc Ravalomanana n’est pas prêt à signer le protocole « imposé » par Paris.

Ce vent de panique à Ambohitsorohitra s’explique par l’entrée en scène du médiateur de la SADC. Joaquim Chissano a invité les quatre mouvances. « Une invitation scandaleuse », s’emporte la mouvance Rajoelina. La crainte d’envoyer le jeune chef de l’autorité de fait renégocier à Pretoria est palpable. Pis, le retour à la Charte de Maputo, bien que remaniée, est présenté comme une catastrophe. La HAT maintient que la transition consensuelle et inclusive selon le schéma de l’Union Africaine est inapplicable et dépassée. Les trois autres mouvances, Ravalomanana – Ratsiraka  – Zafy, réclament le maintien de l’accord de Maputo, quitte à modifier le mode d’application notamment l’acte additionnel d’Addis Abeba.

La mouvance Rajoelina refuse la réintégration des deux anciens présidents de la République, Zafy et Ratsiraka dans la résolution de la crise. Selon la feuille de route française, le gouvernement d’union nationale sera composé en grande partie par les deux mouvances Rajoelina et Ravalomanana, les autres sensibilités se partageront les miettes. Le plus important pour la HTA est de garder à son poste son premier ministre, le promu général Camille Vital. Le tandem Rajoelina-Vital serait adoubé naturellement par la France. Un acquis qui peut être remis en cause par la SADC et l’Union Africaine qui reconnaît le premier ministre légitime étant celui du consensus, à savoir Eugène Mangalaza de la mouvance Ratsiraka.

Pour les alliés de Andry Rajoelina, le protocole d’accord de Pretoria comporte des incertitudes. Le sort de la HAT est suspendu à l’accord politique. Le conseil supérieur de la transition, l’équivalent d’une chambre haute n’est plus assuré faute de financement. Un congrès de la transition comme seul composant du parlement risque de reposer le problème de la clé de répartition entre les mouvances politiques. L’implication des partenaires internationaux pour accompagner la transition, du moins sur le plan financier est inévitable au cas où toutes ces lourdes institutions sont mises en place.

Andry Rajoelina garde une carte en main et peut continuer sa fuite en avant. Ses alliés estiment que la France a proposé un protocole d’accord qui n’est pas très loin des résolutions de l’atelier du consensus élargi ou « Teny ifampierana ». Reste à savoir si Paris arrive à contraindre le président évincé Marc Ravalomanana pour légitimer sa feuille de route malgache. Le paradoxe est que c’est Andry Rajoelina qui pose des préalables. Le chantage politique sur fond de surenchère est à double tranchant, soit Ravalomanana cède et épouse la feuille de route « franco-Rajoelina », sinon, l’autorité de fait avance dans son unilatéralisme en prenant comme prétexte le refus du président évincé.