samedi , 20 avril 2024
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Les responsables de la commune urbaine d'Antananarivo, ainsi que le ministère de la population, espèrent pouvoir faire de la capitale malgache une ville sans SDF. Mais il faudra, pour ce faire, une politique efficace.

Tanà : Bientôt une capitale sans SDF ?

C’est a priori une véritable gageure. Les autorités communales, dans la capitale malgache, avec la collaboration du ministère malgache de la population espèrent, d’ici quelques mois, faire d’Antananarivo une ville sans SDF (sans domicile fixe). La date butoir serait le 26 juin, fête de l’indépendance. Dans les faits, les opérations qui visent à « recaser » les SDF, plus connus sous la dénomination dégradante de « quat’mis », ont déjà commencé. Et elles portent, pour l’instant, leurs fruits. C’est, dans tous les cas, un essai réussi. Car, au cours de cette semaine, une vingtaine de familles ayant squatté une zone jouxtant les rails du réseau nationale des chemins de fer malgache avaient accepté, de leur plein gré, de quitter la capitale pour rejoindre leur village natal.


Ils étaient, au total, quelque 70 personnes. C’est en réalité la troisième vague de SDF qui ont accepté de quitter cette zone qu’ils avaient occupé illégalement. Sauf que, en réalité, plus de 300 familles sont installées sur le lieu. Cela représente environ 1100 personnes qui, depuis des années, habitent dans des bicoques sordides fabriquées en résidus de cartons et en plastique.


En quittant les lieux, ces familles ont été dotées par le ministère de la population de matériels de construction et de matériels agricoles. La mairie d’Antananarivo a pris en charge le transport, tandis que des organisations non gouvernementales ont offert un lot de médicaments et des produits alimentaires. Cet endroit qu’ils ont quitté est ironiquement appelée « La Réunion kely ». Mais les opérations d’assainissement ne se limiteront pas à cette zone. Néanmoins, elles ne se feront pas nécessairement manu militari. Ceux qui acceptent de quitter ainsi la capitale auront quatre choix. Première possibilité: rejoindre des centres sociaux. Deuxième possibilité: rejoindre leur village d’origine. Troisième éventualité: aller dans une zone périurbaine sous les auspices d’une organisation non gouvernementale. Et dernier choix: émigrer dans le milieu rural.


L’objectif est de dégager complètement « La Réunion kely » de ses occupants d’ici fin mars. Mais le phénomène, depuis le début des années 1980, est étroitement lié à celui de l’exode rural, un autre phénomène que l’on a, pour le moment, du mal à maîtriser. Surtout pour un pays où plus de 70% de la population vivent encore en milieu rural. Pour ainsi dire, évacuer quelque milliers d’individus d’une ville pourrait être une opération tout à fait réalisable. Mais empêcher des milliers d’autres, exode rural oblige, de venir en ville semble beaucoup moins évident.