jeudi , 28 mars 2024
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Le bois de rose embrase les conflits sociaux sur la côte Est. Les paysans et les exploitants sont en conflits avec le task force mis en place par l’Etat pour mettre fin aux trafics et exportations illicites. La catastrophe écologique est énorme. C’est la crise dans la crise.

Trafic de bois de rose : la catastrophe écologique

Désastre écologique, tension sociale, catastrophe économique, le trafic de bois de rose est en train de mettre à mal les autorités du pays. Le task force mis en place par les autorités de la transition est entièrement opérationnel, débusquant les caches. En 2009, les associations écologistes avance un chiffre de 10 000 ha pour la superficie de forêt pillée. Selon la plate-forme Voaharin’i Madagasikara, après le passage des pilleurs, les arbres « adultes » se comptent sur les doigts d’une main sur un hectare.

La catastrophique écologique est énorme, d’autant qu’une partie de ces forêts se trouve dans les zones d’un espace protégé ou d’un parc national. Les jeunes arbres de moins de 37 cm de diamètres font aussi l’objet de ces coupes sauvages. Il faut environ 60 ans pour qu’une repousse de bois de rose atteigne la taille suffisante pour être exploitée. Le désastre est grave parce que les coupes ne sont pas faites de manière appropriée.

Les écologistes proposent que les coupeurs soient des professionnels contrôlés par des agents techniques du ministère des Eaux et Forêts ou du ministère de l’Environnement. Les pilleurs ne se souciant pas de la repousse, seul un coupeur professionnel peut être conscientisé sur l’aménagement d’une zone de dégagement. En tombant, l’arbre coupé cause des dégâts sur les autres arbres ou végétations. Pour le transport des rondins de bois de rose, les pilleurs coupent des arbres moins prestigieux et les utilisent comme flotteurs.

Recrudescence des trafics

Le task force dirigé par le ministère de l’Environnement et regroupant sept départements ministériels ont multiplié les opérations ces deux derniers mois. Cela va des opérations de saisie de bois précieux par des forces de l’ordre, au renforcement des contrôles douanières. Mi-octobre, le premier gros coup de filet a été fait au Port de Toamasina avec la découverte de 91 conteneurs de bois de rose. Les opérations visant à débusquer les caches où les pilleurs mettent leurs butins avant de l’embarquer sur un bateau rencontrent pas mal de succès à Mananara Nord.

L’exportation de rondin de bois précieux est officiellement interdite. L’Etat a délivré quelques autorisations à des exportateurs sur une période délimitée. Ce qui constitue une faille dans laquelle s’engouffrent les trafiquants. Ainsi, le task force a constaté avec dépit l’embarquement de 80 conteneurs à Vohémar, au début du mois d’octobre. Il soupçonne l’existence de corruption auprès des responsables administratifs locaux pour qu’une partie des 360 conteneurs bloqués par les autorités puissent partir vers l’île Maurice.

Pour contourner la loi, les exportateurs fraudeurs ont bien une autorisation mais mettent plus de quantité dans leur cargaison. Les écologistes déplorent que les trafiquants puisse exporter légalement une fois avoir payé une amende de 72 millions d’ariary qui n’est pas dissuasive vu l’argent que peut rapporter la cargaison.

Les bois de rose ne sont pas rares sur le marché après plusieurs mois de coupe illicite. La filière fait vivre plusieurs acteurs locaux intervenant dans le transport. D’abord, il y a les paysans chargés de faire sortir de la forêt un rondin de 400 kg. Ensuite, interviennent les marins qui emmènent la cargaison vers un port d’embarquement. Cette activité illicite est favorisée par la crise rencontrée dans les filières de culture de rente. Aucun gros bonnet n’a pas encore été arrêté même si les commanditaires sont réputés être des personnes haut placées.