mercredi , 1 mai 2024
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La suspension des aides européennes à Madagascar a été effective et officialisée le 07 juin 2010. Les ministres des Affaires Etrangères des 27 ont donc confirmé les sanctions contre le régime Rajoelina. L’Union européenne déplore l’évolution négative de la situation à Madagascar qui s’éloigne de la transition consensuelle et inclusive, la seule voie reconnue pour un retour de l’ordre constitutionnel dans le pays.

UE : suspension confirmée contre Madagascar

Le « conseil des ministres » des affaires étrangères de l’UE a confirmé la sanction prise à l’encontre de Madagascar le 07 juin 2010. Les aides européennes sont suspendues pour une période de 12 mois. La sanction vise plutôt l’autorité de fait ou le régime de Andry Rajoelina. « L’UE considère que le transfert par la force du pouvoir survenu à Madagascar le 17 mars 2009 constitue une violation flagrante de la démocratie et de l’Etat de droit ». Si ce coup d’Etat déguisé communément appelé changement anticonstitutionnel de gouvernement a mis 15 mois pour être sanctionné, c’est que l’Europe a donné aux autorités malgaches l’opportunité de se conformer à des principes démocratiques permettant à un retour à l’ordre constitutionnel.

La HAT renonce au 10ème FED et prive Madagascar d’un financement de 500 millions d’euros sur 5 ans. Ce sacrifice semble calculé puisque les tenants du pouvoir espèrent toujours recouvrer l’éligibilité à l’aide européenne après la mise en place de la 4ème République. Le pari est risqué pour Andry Rajoelina qui se base sur un argument un peu léger affirmant qu’aucun autre pays ou organisation internationale ne va nier l’expression démocratique du peuple malgache. Le président de la HAT est plus qu’optimiste, pensant faire valider le résultat de sa feuille de route unilatérale aujourd’hui contestée.

L’UE devait prendre la décision suite à l’échec des négociations et de la médiation internationale. La rencontre de Pretoria, une initiative franco-sud africaine avait entretenu les derniers espoirs pour éviter la sanction européenne. Depuis, Andry Rajoelina s’est enfermé encore plus dans des initiatives unilatérales et une série de faits accomplis. Entretemps, il a annoncé qu’il ne sera pas candidat à l’élection présidentielle. La déclaration n’a pas eu l’effet escompté sur le plan diplomatique. De toute manière, la stratégie du chef de l’autorité de fait qui se « sacrifie » pour empêcher ses adversaires de revenir au pouvoir est contraire à l’esprit des premiers accords signés à Maputo qui donnait à tous les protagonistes la chance de se faire départager par les urnes.

Jean Ping, le président de la Commission Africaine reconnaît que les accords signés étaient difficiles à mettre en œuvre mais désapprouve le refus des parties malgaches, notamment la HAT de s’y conformer pour sortir le pays de la crise. La situation à Madagascar n’évolue pas favorablement, a-t-il déclaré sur une chaine de télévision internationale francophone. Selon monsieur Ping, l’UE a suspendu la coopération avec Madagascar car les actes qui sont pris sont unilatéraux et non consensuels.

L’administration Rajoelina minimise l’impact de la sanction de l’UE, insistant que le fait que les aides à caractère humanitaire sont maintenues. « Si c’est pour construire des routes, nous pouvons trouver les financements ailleurs » a par ailleurs déclaré le ministre des Affaires Etrangères de la HAT. L’autorité de fait a trouvé des bouffées ‘oxygène venant de l’Asie pour survivre financièrement. Ce qui la permet aujourd’hui de défier la communauté internationale et de ne pas céder à des pressions politique ou économique. La transition malgache reste un cas unique et navigue à vue.