dimanche , 5 mai 2024
enfrit
La HAT et la mouvance Rajoelina ont fait bloc pour repousser la suggestion de la SADC d’adopter des mesures d’apaisement marquées symboliquement par l’adoption de la loi d’amnistie. Le parlement a soigneusement écarté le projet de loi au grand dam de son président Mamy Rakotoarivelo. Le code électoral et la commission électorale seront-ils les faits accomplis qui permettront de tuer la crise sans la résoudre ? Le calcul politique était de jouer la montre.

Un code électoral pour retarder la loi d’amnistie

Les 12 jours de la session extraordinaire du parlement ont été consacrés uniquement au vote de la loi sur le code électoral régissant les élections à venir organisées par la commission électorale. Cette institution a de spécifique son caractère non permanent, car il s’agit d’une commission électorale nationale indépendante de la transition. Ce nouveau texte a le mérite de désavouer la CENI de la HAT qui a fait passer le référendum unilatéral et personnalisé d’Andry Rajoelina.

Il n’y a pas de gros changements dans les textes qui vont métamorphoser la CENI en CENIT. La principale différence est la lettre T qui délimite la  durée de vie de l’institution durant la transition. Or, les débats parlementaires ont été axés sur les durées de la campagne électorale pour les trois élections à suffrages universels directs. Cela signifie que la CENIT va organiser et valider les élections, présidentielles, législatives et communales.

Les dates des scrutins ni l’ordre dans lequel ils seront organisés ne sont pas encore à l’ordre du jour. Pour les parlementaires de la mouvance Rajoelina qui sont majoritaires, l’important a été d’arranger au mieux le déroulement de chacun scrutin.

Pour l’UDR-C, 30 jours de « propagande » pour les présidentielles étaient trop, car cela donnerait trop de temps aux opposants de pouvoir s’exprimer et déstabiliser le régime. Pour le TGV, ce délai est trop long puisqu’il risque d’avantager les candidats qui ont de gros moyens financiers.

L’autre aspect du débat a vu la mouvance Rajoelina se déchirer. Il s’agit de la pertinence de l’empreinte digitale apposée sur le bulletin unique au lieu de cocher au stylo. C’est un débat faux puisque la commission électorale n’a pas les moyens de vérifier durant le comptage si une telle empreinte a été déjà enregistrée ou non, indiquant si la personne a déjà voté ou non. Le texte a été baladé d’une chambre à l’autre par une mouvance Rajoelina qui simulait un débat démocratique dans son parlement pour un seul but : jouer la montre.

Le président du Congrès de la transition n’a pas caché son agacement sur la manœuvre de la HAT à éviter que la loi d’amnistie puisse être votée avant le 29 février comme l’a demandé la SADC. Mamy Rakotoarivelo estimait que les parlementaires avaient le temps pour le faire durant la session extraordinaire et que ce serait du gaspillage d’appeler une autre session. En face, l’UDR-C a trouvé un nouveau prétexte : il faut d’abord mettre en place le comité pour la réconciliation.

La mouvance Rajoelina s’assure d’abord de pouvoir imposer une amnistie sélective qui disqualifiera de facto Marc Ravalomanana. Ce qui est selon Mamy Rakotoarivelo la vraie question dans la résolution de la crise. Il estime que le retour au pays du président Ravalomanana et sa participation ontux élections a toujours été la clé qui ferme ou ouvre la porte.