vendredi , 19 avril 2024
enfrit
Dans un milieu fermé et sordide comme celui-ci, il est encore possible de mener une vie à peu près normale comme à l'extérieur. Je commençais à m'intérroger si la prison avait perdu sa véritable vocation qui est celle de la peine et de l'amendement mais finalement, nous, étudiants avions compris le but cette visite: celui de nous montrer l'autre facette de la prison: lieu de réhabilitation par respect des Droits humanitaires.

Visite d’étudiants à la prison d’Antanimora

Descente sur les lieux le 25 Mai 2007. Après la barrière, l’accès est encore interdit sans « CIN ». Seule la pancarte indiquant « Repoblikan’i Madagasikara , Maison centrale » laisse à reconnaître qu’il s’agit ici non d’un simple établissement mais d’une prison. Un poste de garde surveille l’extérieur. Le complexe du bâtiment est vieux d’environ 107 ans car il date de 1900 pourtant il est bien équipé en eau et en électricité. Des projets de construction ont déjà été prévus mais ils ont été avortés… . Apparemment, le milieu est austère, sordide et misérable. La petite cour menant vers les quartiers des détenus est bruyante et l’on remarque que des « détenus libres » font le va-et-vient pour transporter les vivres (maniocs, en principe) de la salle des stocks vers la prison proprement dite où ceux-ci vont être préparés. L’administration pénitentiaire attribue des tâches à certains condamnés ayant purgé une partie de leur peine et faisant preuve de bonne conduite. C’est à croire que cette administration se conduit presque comme un père à l’égard de son fils. A l’intérieur de la prison, la vie apparaît incroyablement normale comme à l’« extérieur ».


Vie quotidienne des détenus. Le réveil est à 5 heures du matin et personne ne doit plus rester dans les chambres pendant toute la journée. Après l’appel et la prière : le petit déjeuner. L’Etat malgache leur fournit du manioc et les jours de fête : du riz pour tout le monde. Les détenues femmes peuvent préparer elles même d’autres repas suivant leur envie. Les mineurs mangent du céréale le matin, du maïs chaque jour et le jeudi : du riz fourni par les sœurs. Après le repas, chacun va à l’ouvrage, comme tout le monde.  Les femmes sont initiées aux arts : crochet, couture … . Des ONG sentinelles leur fournissent le matériel nécessaire. Les hommes reçoivent une formation technique en plomberie, métallurgie et menuiserie. Les mineurs peuvent préparer des examens officiels (CEPE….) et étudier à la bibliothèque de la prison tous les jours sauf le week-end pendant lesquels ils jouent, chantent … . Apparemment, tous ces prévenus aiment jouer au foot, au rugby, se défouler. On remarque en outre une relation d’entraide, d’amitié et de respect entre eux : ils cuisent ensemble leur repas pour économiser ce qu’il appellent communément le « bolombonto » (charbon)… .


Pour des raisons d’état civil, il est interdit aux femmes d’accoucher en prison. Par ailleurs, les détenus ont le choix entre consulter les docteurs de l’ ACP ou ceux de la prison. L’Aumônerie Catholique des Prisons a aussi une attribution spirituelle. Sinon, la pharmacie de la prison est financée par l’Etat malgache, les ONG, le FLM et les américains tandis que celle de l’ ACP : par les sœurs. Mais malgré tout, on a détecté pour 2006, 50 condamnés atteints de la lèpre. Enfin, signalons que des organismes veillant sur le respect du principe des Droits de l’Homme surveillent de près la vie carcérale.


Constat final. « Au-delà de l’application de la loi pénale, la politique de détention visée », avoue le Chef d’Etablissement « est et sera celle de l’humanisation de la détention en vue de faciliter et la réhabilitation des détenus et leur réinsertion sociale ».


 Mais à la limite du respect des Droits des détenus, la prison pourrait être une source de récidive et génèrerait des criminels !