mardi , 30 avril 2024
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A son arrivée à Ivato, de retour de Pretoria dans l’après-midi du samedi 01 mai 2010, le président de la HAT a renouvelé son intention d’avancer unilatéralement, ayant épuisé « la dernière chance » de compromis avec les trois autres mouvances. Une rencontre avec l’armée va précéder une grande déclaration sur la formation d’un gouvernement d’union nationale et peut-être la date de l’élection législative.

Feuille de route de la HAT : les intentions déclarées de Andry Rajoelina

La rencontre entre le président de la HAT et les  hauts responsables de l’armée devra avoir lieu le lundi 03 mai 2010. Le chef de l’Etat-major de l’armée et le commandant de la gendarmerie nationale avaient intimé Andry Rajoelina à présenter une feuille de route claire pour sortir le pays de la crise politique et passer sereinement dans la 4ème république. Les généraux Ndriarijaona et Razafindrakoto ont désavoué malgré eux les résolutions de l’atelier « Teny ifampierana » et avaient posé un ultimatum de 48 h. Andry Rajoelina a demandé plus de temps, jusqu’à la fin du mois d’avril, voulant épuiser d’abord les chances de négociation.

A son retour de Pretoria, le président de la HAT a annoncé presque solennellement que les dernières chances de la négociation ont été épuisées. Il doit cependant rendre des comptes à l’armée qui l’a aidé à prendre le pouvoir et qui menace de reprendre les choses en main. Les généraux «  pro-TGV » seront donc les premiers à entendre la version de la feuille de route de l’après Pretoria. Andry Rajoelina n’a pas fait un secret de ce nouveau plan qui  sera le mélange de la proposition française avec les résolutions de l’atelier du consensus élargi des partisans de la HAT.

« Je vais me réunir avec le premier ministre, le gouvernement doit se former, si les autres participent, c’est tant mieux, sinon, c’est tant pis », a déclaré Andry Rajoelina à son retour de Pretoria. Il a réaffirmé son intention de ne pas revenir à la charte de Maputo ni à l’acte additionnel d’Addis Abeba. « Il n’est plus utile de mettre en place les diverses institutions, c’est trop tard », martèle le président de l’autorité de fait. « Mon souhait est de terminer la transition au plus vite », dit-il. Nombreux observateurs y voient plutôt des contraintes qu’une réelle volonté politique.

Pour les trois mouvances, il est désormais question d’empêcher Andry Rajoelina de terminer la transition comme il le souhaite. Le président de la HAT a déclaré qu’il va mette en place un gouvernement d’union nationale coûte que coûte. Les autres mouvances dénoncent déjà la tentative de « débauchage politique » pour donner un aspect inclusif à ce gouvernement. Andry Rajoelina refuse de lâcher son premier ministre Camille Vital pour maîtriser la situation. Il en a fait même un général pour mater le désir d’émancipation d’une armée partisane qui ne croit plus au mouvement populaire. 

D’après le plan Rajoelina, ce futur gouvernement qui se revendique d’union nationale ne travaillera que pendant trois mois. A priori, il est chargé de préparer l’élection législative. Les préparatifs ont déjà été confiés à une commission électorale nationale indépendante mais suspectée à tort ou à raison d’être contrôlée par la mouvance Rajoelina. Le limogeage du président du Conseil d’Etat et son remplacement par un magistrat proche du parti AVI n’a fait qu’augmenter la suspicion. Un premier ministre pro-HAT devrait sortir de cette assemblée de députés.

Or, Andry Rajoelina fait toujours planer le doute sur la mise en place d’une assemblée nationale ou d’une assemblée constituante. Si cette dernière option est adoptée, le gouvernement d’union nationale devrait opérer jusqu’aux élections présidentielle et législative.  Avec une assemblée constituante, Andry Rajoelina aura l’avantage de faire passer une constitution qui sera à sa mesure et lui permet d’être candidat à la magistrature suprême. De plus, il va retarder l’examen d’une loi d’amnistie par l’assemblée nationale, écartant de facto un sérieux adversaire.