jeudi , 25 avril 2024
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L’ambassadeur des Etats-Unis ne croit plus aux chances de Madagascar de figurer dans la liste des pays bénéficiaires de l’AGOA en 2010. Les entreprises franches opérant dans le secteur textile seront pénalisées par cette « sanction » de nature et d’origine politique. Dans le camp de la mouvance, on essaie de minimiser l’impact et l’importance de ce marché américain.

AGOA : le pessimisme avoué de Niels Marquardt

La date fatidique du 15 décembre 2009 a été dépassée sans que Madagascar ne remplisse les conditions d’éligibilité à l’AGOA, l’opportunité de croissance donnée aux pays africains par les Etats-Unis. L’administration américaine est en train de faire une évaluation dont le résultat sera communiqué au président Barack Obama. « C’est sa décision à lui mais je suis très pessimiste », confie l’ambassadeur Niels Marquardt. Selon ses explications, il n’y a plus d’espoir puisque « le président est obligé de prendre une décision avant le 31 décembre pour être appliquée le 01 janvier ».

Niels Marquardt estime que les quelques pays africains qui ont connu un changement extraconstitutionnel de gouvernement ont bénéficié d’assez de temps pour revenir sur la voie de la démocratie par « la constitution d’un gouvernement d’union nationale ». « La situation n’est pas propice à cela mais c’est la condition nécessaire », insiste-t-il. Attendu depuis le mois d’août 2009 après les accords et la charte de Maputo, le gouvernement censé être inclusif et consensuel comme les autres institutions de la transition n’a pas pu se former.

Le report de la rencontre entre les quatre mouvances à Antananarivo, sous l’égide du Groupe international de contact condamne presque Madagascar dans le cadre de l’AGOA. « Il ne faut pas perdre espoir, tempère l’ambassadeur Marquardt. L’AGOA pourra être renouvelé quand la situation sera rétablie ». Cette note d’optimisme ne sera pas effective avant la fin de la période de transition. « Comme chaque année, depuis neuf ans, il y aura une déclaration du président américain sur les pays bénéficiaires de l’AGOA ».

Le congrès américain s’est déjà prononcé en faveur de la suspension de Madagascar dans le cadre de l’AGOA en 2010. La décision du président Obama devrait confirmer cette résolution mais ce n’est pas tout à fait fini tant que ce n’est pas officiel. Le gouverement américain annulerait les privilèges et avantages que Madagascar a bénéficié en matière de droits de douanes. Le secteur textile sera durement touché puisque les commandes se feront rares à 30% plus cher. Des 150 usines de fabrication de vêtement, la moitié exporte vers les Etats-Unis. La fermeture de quelques unes suite à l’annulation de commandes pour début 2010 annonçait déjà la catastrophe économique tant crainte.

L’économie de Madagascar souffrira inévitablement de la perte de l’AGOA. Le marché américain représentent plus de 300 millions de dollars d’exportation de produits d’habillement. Ce qui place le textile comme la principale source de devise en matière d’exportation. L’impact social est considérable puisque au moins 250 000 emplois directs et indirects seront supprimés. La conséquence la plus fâcheuse serait la perte de confiance des investisseurs. Même si Madagascar s’est montré incontournable par sa capacité de production, les crises politiques cycliques ne rassurent pas. Les grands groupes industriels préfèrent étendre leur capacité de production dans d’autres pays comme l’Inde pour limiter les dégâts. La suspension de l’AGOA dont le critère principal et le respect et le règne de la loi donne forcément une mauvaise image du climat d’invetissement d’un pays.