dimanche , 5 mai 2024
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Les prix des carburants sont un enjeu économique, social et politique pour tous les régimes en place. Afin d’éviter une inflation toujours très impopulaire, la HAT a utilisé la prérogative légale pour fixer, plutôt limiter, les prix à la pompe en 2011. Une telle mesure n’est plus possible, le populisme ne peut triompher éternellement de la réalité économique. La hausse est inévitable et annoncée tel un cyclone : un danger imminent !

Carburants : une hausse trois fois plus que d’habitude ?

Les gérants des stations-services et les compagnies pétrolières sont enfin en mesure d’appliquer une hausse et retrouver de la marge. Seulement, cette énième augmentation des prix des carburants va aussi tenir compte du marché international du brut et de l’envolée des cours du pétrole. Si on a été habitué à avoir des hausses de l’ordre de 100 ariary, cette fois-ci, on murmure qu’elle serait de 300 ariary. Du moins, c’est la vérité des prix défendue par les acteurs du secteur. Même si l’annonce n’est pas encore officielle, elle fait déjà son effet.

Les gérants des stations-services refusent de s’approvisionner à la quantité habituelle et suffisante pour satisfaire les besoins des automobilistes de la capitale. La justification évoquée est la volonté de limiter les dégâts en cessant progressivement de vendre à perte. Du coup, au lieu de commander 2000 l, une station n’en commande que la moitié. En tout cas, la pénurie se fait sentir, d’autant que nombreux sont ceux qui veulent profiter des prix actuels avant la hausse.

Les subventions de l’Etat au bénéfice des compagnies pétrolières et des coopératives de transports urbains étaient aussi insuffisantes qu’irrégulières. Ces acteurs économiques ne cachent donc pas leur préférence pour l’application de la loi du marché et de la vérité des prix. Déjà, les transporteurs de la zone urbaine et périurbaine cogitent sur une hausse de 66% des tarifs et passer de 300 à 500 ariary pour le trajet en ville.

Le ticket à 400 ariary semble un compromis, mais qui ne va pas contenter les consommateurs. Les coopératives nationales tablent sur une hausse moins violente mais pas moins de 10%, même si la hausse du gas-oil pourrait ne pas dépasser ce seuil. Le risque est effectivement de voir une augmentation qui rattrape celles qui auraient dû être appliquées depuis un an.

On le savait dès le départ que la promesse des actuels dirigeants de réduire les prix à la pompe sous prétexte que Madagascar a du pétrole était de la pure démagogie, du moins pour les 10 ou 15 prochaines années. La vraie question est de prédire quel sera le taux d’inflation en 2012 même si l’Etat est toujours optimiste dans la loi des Finances avec une prédiction autour de 10%. Le prix du gas-oil influent sur les prix de presque toutes les marchandises qui sont transportées d’un lieu à un autre.

Et dire que le régime en place peut se vanter que les prix des carburants à Madagascar sont parmi les plus abordables. Avec une hausse supposée de 300 ariary, le litre de l’essence sans plomb 95 sera d’environ 3 400 ariary, soit 1,4 euro. C’est en effet moins cher que le tarif de 1,6 euro appliqué en France. La différence est que le salaire minimum malgache vaut 30 litres d’essence alors que pour un français, il y a de quoi faire 100 pleins. Cette hausse des prix à la pompe risque de plomber encore plus le pouvoir d’achat des Malgaches et de freiner une économie déjà au ralenti.