jeudi , 25 avril 2024
enfrit
Tout enfant du sexe masculin se doit d'être circoncis lorsqu'il atteint un certain âge afin d'acquérir sa virilité. L'hiver austral est le moment privilégié pour "devenir" un homme.

Circoncision: « Tu deviens un homme, mon fils »

Définitions

Didim-poitra, fahasoavan-jaza, ou encore famorana, telles sont
les dénominations parmi tant d’autres, de la circoncision à
Madagascar, qui constitue une pratique commune à toute l’île
(sauf de certains clans antandroy). Les rituels diffèrent selon
les tribus et les régions, mais les actes, les justifications
restent souvent les mêmes. Le sambatra par exemple, circoncision
collective des enfants de 3 à 10 ans, a lieu tous les 7 ans en
octobre chez les Antambahoaka, alors que presque partout
ailleurs, la circoncision se pratique annuellement. Malgré ces
différences, l’idée principale est que l’enfant va acquérir
son statut d’homme, l’acte constituant son intégration au
groupe.

Historique et Justifications

La circoncision est attribuée par l’histoire au roi
Andriamanelo. Andrianampoinimerina la promut fête nationale en
en faisant une cérémonie collective obligatoire pour tout son
peuple tous les 7 ans, mais Radama II l’a ensuite rendue
facultative, n’ayant pas eu de père pour présider à sa
circoncision, et n’ayant été opéré qu’à 15 ans sous le
« parrainage » de Jean Laborde. La dernière cérémonie
publique eut ainsi lieu en 1869. Depuis, les rites se sont de
plus en plus simplifiés, mais sont toujours scrupuleusement
observées. Notons que la cérémonie de la circoncision ne
revêt aucun caractère religieux.

La circoncision est depuis devenue une simple réjouissance, mais
elle a une signification bien précise au niveau familial :
garçons et filles sont reconnus par le père lors de la
première coupe de cheveux, cette reconnaissance serait
confirmée lors de la circoncision. Au niveau de la société,
outre les questions d’hygiène, l’ablation du prépuce constitue
le signe distinctif et la preuve de l’appartenance au peuple
malgache, le jeune garçon est ainsi initié à la vie d’homme et
entre par ce rite dans la vie des adultes en se préparant à la
nuptialité.

Déroulement

Les mois froids (de juillet à octobre) sont traditionnellement
choisis pour circonscrire les jeunes garçons âgés de 1 à 6
ans (pour qu’ils puissent se souvenir de la cérémonie), parce
que la cicatrisation se fait mieux en hiver. Généralement, les
fins de semaine ou les jours fériés sont les moments
privilégiés. Des cérémonies collectives sont parfois
organisées dans les quartiers défavorisés par des associations
de médecins ou des organisations caritatives.

Selon la volonté des familles, les rites peuvent être
simplifiés à l’extrême, pour se réduire à une simple
opération aseptique chez un chirurgien. Mais certaines familles
essaient tant bien que mal de conserver certains rituels tels que
les fady : comme la circoncision se place sous le signe de la
masculinité, certains pères, oncles et circonciseurs ayant une
part active dans le rituel observent jusqu’à 8 jours de jeun et
d’abstinence et ce sont les hommes qui prennent en charge toutes
les taches ménagères.

C’est le frère de la mère qui s’occupe de son neveu, l’habille
en malabary (tenue traditionnelle malagasy) et le porte sur son
dos : l’oncle souhaite ainsi que son neveu le surpasserait dans
la vie. L’enfant est généralement porté toute la nuit sur le
dos des adultes qui se relaient. Au milieu du vacarme, chant et
rires, l’enfant fatigué sera passablement abruti ou tombe de
sommeil malgré les aspersions d’eau sucrée au miel de temps à
autre. On se garde de l’avertir ni de lui expliquer quoi que ce
soit.

L’opération a lieu au petit jour. Autrefois, le circonciseur
utilisait le bambou pour l’ablation du prépuce. De nos jours,
les techniques nouvelles de la chirurgie sont autorisées. Le
prépuce coupé est ensuite placé entre 2 rondelles ou tranches
de banane mure, et avalé sans mastiquer par le père ou un oncle
maternel, ou encore par le circonciseur lui-même si les deux
premières personnes renoncent à avaler leur part
traditionnelle.

A la fin de la cérémonie, la famille rémunère le
circonciseur, son honoraire consistant en une somme modique, avec
un coq ou un poulet.