jeudi , 25 avril 2024
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Hausse des prix et disparition soudaine des marchandises, c’est un peu l’histoire de la poule et de l’œuf. Selon les professionnels du commerce, la spéculation autour des produits de première nécessité est favorisée par une mauvaise organisation et le non respect du circuit de distribution. La crise politique et ses incertitudes accentuent encore plus la psychose d’une pénurie.

Commerce : les PPN traversent aussi leur petite crise

En l’espace de deux mois, le prix du sucre et de la farine a connu une hausse vertigineuse, dépassant les 50% chez les détaillants. Le sucre se vend à 2600 ariary le kilo, soit pratiquement 1000 ariary de plus qu’avant la fin de l’année 2009. Cause ou effet, la marchandise se fait rare sur les rayons des épiceries. Elle l’est encore plus pour le cas de la farine. Même si cette denrée n’est pas un produit de consommation acheté au jour le jour par la majorité des ménages, son incidence sur le prix du pain est à craindre. Le marché est inondé par des produits meilleur marché mais d’une qualité plus que douteuse.

Les grossistes par l’intermédiaire de leur groupement professionnel (GPGM) ne se sentent pas responsables de cette crise des PPN et vont jusqu’à endosser le costume de la victime. Ils mettent en cause le non respect du circuit de distribution qui les écarte de facto. Certains importateurs approvisionnent directement les détaillants sans passer par les grossistes. De premier abord, cela n’explique pas forcément la hausse des prix. Toutefois, cet entorse au système crée un problème au niveau de la distribution. Les importateurs en question n’ont pas la capacité d’écouler sur l’ensemble du marché leurs produits. Le taux de couverture est limité. Ce qui, aux yeux du groupement professionnel des grossistes, met en péril leur profession mais aussi désavantage les consommateurs.

« On peut annuler les hausses intempestives des prix », estime le GPGM qui va faire des propositions aux ministères des Finances et du Commerce. Par exemple, les grossistes proposent de ne pas réclamer des taxes auprès des détaillants en les remplaçant par une taxe de 0,5% que les intéressés paieront aux grossistes quand ils s’approvisionnent. Charge à ces derniers de verser le montant en question dans la caisse de l’Etat. De telles propositions pourront-elles annihiler les effets pervers de la crise économique que ce soit sur le plan national ou international. La chute de la monnaie ariary combinée avec la hausse des cours des produits sur les marchés internationaux font en effet monter les prix.

Pour la Fédération des associations de consommateurs, la cause de cette hausse des prix des PPN est historique : « on est passé d’un système socialiste à une libéralisation totale des prix ». Pour cette entité qui a du mal à se faire entendre, « il faudrait une liberté contrôlée puisque de nombreux produits sont encore dans une situation de quasi monopole ». Comme solution, elle fait appel à une intervention du gouvernement. « Le ministère du Commerce doit pouvoir contrôler les prix… Comme il y a des rétentions de stock, il faudra aussi vérifier les magasins de stockage ». En clair, c’est tout un débat sur le système qui est à faire. Cela concerne aussi bien l’orientation économique en général que le circuit de distribution en particulier.