jeudi , 18 avril 2024
enfrit
Organisé par "Havatsa - UPEM" avec l'Académie nationale malgache et quelques associations, le mois de la langue malagasy entre dans sa 2è semaine.

Faut-il sauver le Malgache ?

Pourquoi une telle manifestation ? La langue malgache
serait-elle en péril, menacée d’une quelconque manière,
notamment par la vague anglosaxonne ou francophone ?

M. Eric Ravalisoa, membre de l’Union des Poètes et Ecrivains de
Madagascar « Havatsa – UPEM », nous répond : « La
raison qui pousse à l’organisation d’une telle manifestation ne
résulte pas du fait que notre langue soit menacée. Un slogan a
été adopté depuis maintenant presque une dizaine d’années :

« andrianiko ny teniko, ny an’ny hafa koa feheziko »
(littéralement : j’honore ma langue tout en maîtrisant celles
des autres [peuples]). Notre but est donc de mettre la langue
malgache sur un piédestal durant tout ce mois de juin. Cet
évènement entre dans le cadre de la célébration du 50è
anniversaire de l’UPEM, ainsi que du 10è anniversaire de son
journal,
Valiha, qui paraît chaque dernier samedi du
mois en supplément au quotidien
Madagascar Tribune.»

L’idée de mettre la langue malagasy sur le devant de la
scène est apparue en 1993. A l’époque, les organisateurs ont
lancé les « deux jours de la langue malagasy ». Mais
cette année, ils ont décidé d’étendre l’évènement à un
mois, les deux jours s’étant avéré insuffisants, et proposent
ainsi au public un programme bien chargé. Citons entre autres
une exposition permanente au Tahaly Rarihasina Analakely,
jusqu’au 30 juin ; des conférences journalières (au Rarihasina,
à l’Académie Nationale, au Tranompokonolona Analakely) abordant
des thèmes aussi variés que la malgachisation, l’administration
publique, le développement, le civisme, mais aussi l’environnement et les enfants ;
et enfin plusieurs prestations scéniques sont aussi prévues.

L’évolution du comportement du public malgache après ces 9
années est encourageant selon les organisateurs : si au début,
les expositions et les conférences n’ont draîné au total
qu’une petite centaine de personnes durant les deux jours de la
langue malagasy, aujourd’hui, 700 personnes par jour visitent les
lieux où se déroulent les évènements. Le bilan est donc
globalement positif, l’intérêt croissant pour la langue
malgache se manifestant de différentes manières : le nombre de
personnes qui adhèrent à des associations ayant pour vocation
de préserver et de promouvoir l’identité culturelle malgache
(celle des mpikabary par exemple) est en augmentation constante ;
de plus en plus d’ouvrages en malgache sont édités
parallèlement aux nouveaux écrivains et poètes qui sortent
enfin de leur anonymat ; le foisonnement actuel des médias dont
la grande majorité offre de plus en plus de programmes ayant
trait à la culture malgache en général, et à la langue
malgache en particulier, etc.

La langue malgache est donc bien vivante, et durant ce second
semestre, l’UPEM, toujours dans le cadre de la célébration de
son 50è anniversaire, prévoit d’autres manifestations, parmi
lesquelles une exposition sur « les auteurs et leurs
oeuvres » en septembre, et « la Nuit des poètes » le 31 octobre.