jeudi , 18 avril 2024
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Après l’excès de zèle du premier gouvernement de la transition dans un élan de populisme, le ministre des Mines Mamy Ratovomalala tempère sur l’épineuse question de la révision des grands contrats miniers. Sheritt International peut continuer ses investissements avec une certaine sérénité.

Grands projets miniers : pas de révision des contrats en vue

Le ministre Mamy Ratovomalala a une autre stratégie pour augmenter le bénéfice de l’Etat dans le projet d’extraction de nickel et de cobalt de la société Sheritt International. « Nous avons pensé réviser le code minier », reconnaît-il, précisant que cela aurait eu pour vocation d’augmenter les redevances perçues. « Si on analyse les recettes, la redevance représente une petite partie, explique le ministre. Dans un projet de telle envergure, d’autres impôts sont plus intéressants comme l’impôt sur les bénéfices ou l’impôt sur les revenus (IRSA) ». La tentation est grande puisque le projet d’Ambatovy n’a rapporté jusqu’ici, à l’Etat malagasy, qu’environ 100 millions de dollars.  

La stratégie de l’Etat consiste donc à gagner plus d’argent sans toucher aux contrats avec les grands investisseurs, en particulier Sheritt international et QMM pour l’exploitation d’ilménite à Taloagnaro. « Changer les contrats peut dissuader ou mettre en danger l’investissement minier dans le pays », martèle le ministre des Mines. Mamy Ratovomalala marque un virage à 180° vis-à-vis de la déclaration d’intention de Andry Rajoelina. « Ce changement n’est pas du tout opportun », ajoute-il, soulignant que la meilleure stratégie est de négocier un partenariat au cas par cas, de manière bilatérale.

« Il est important de rassurer les investisseurs », se justifie le ministre des Mines. Si la révision des contrats miniers ou du code en général n’est pas écartée, le ministère essaie d’instaurer une image de stabilité. Mamy Ratovomalala rapporte que si le projet d’Ambatovy a failli être suspendu en février 2009, c’était pour des raisons techniques. Aujourd’hui, Sheritt international est en train de finir l’installation de ses infrastructures. La phase d’exploitation pourrait commencer dès fin 2010. L’exportation s’ensuit aussitôt.

Sheritt international compte investir 4 milliards de dollars pour l’extraction de nickel et de cobalt à Ambatovy. La prolifération des téléphones portables rend ce projet encore plus lucratif puisque ces matières sont utilisées dans la fabrication des batteries. A 20 dollars le livre, cela représente une vraie mine d’or. L’Etat malagasy espère recueillir 1,7 milliard de dollars de cet eldorado. Sur le plan social, la création d’emploi est au rendez-vous. Quelque 10 000 employés travaillent pour Sheritt dans la phase d’installation. Lors de l’exploitation, 1 300 salariés feront tourner la mine. 85% du personnel sont des malgaches. 

La période ou les autorités parvenues au contrôle de l’Etat voulaient plumer les grands projets miniers semble révolue. Le ministre des Mines a rassuré ces grands investisseurs sur le fait que la révision des contrats miniers n’est pas d’actualité. En 2009, le besoin urgent de renflouer la caisse de l’Etat pour faire tourner la transition de fait justifiait cette idée jugée anti-économique et arbitraire. Cela ne s’est pourtant pas fait, du moins de manière officielle. Par contre, une autre forme de contribution directe de ces grandes entreprises minières aurait été sollicitée. Les grands projets miniers sont impopulaires en raison de l’effet pervers de l’inflation qu’ils provoquent sur le plan local. La population riveraine les subit au lieu d’en profiter.