dimanche , 5 mai 2024
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A l’issue du coup d’Etat militaro-civil de 2009, la HAT avait déjà essayé de prendre le contrôle de la Banque centrale de Madagascar. Sans succès. En 2012, le ministre des Finances d’Andry Rajoelina retente le coup en limogeant par un simple lettre de notification le gouverneur Frédéric Rasamoely et en propulsant son pion, un directeur général qui avait été imposé à l’institution quelque mois plus tôt. Contre cette tentative de « hold-up » manigancée par les politiques, les employés de la Banque centrale font à nouveau résistance.

La HAT lorgne à nouveau sur la Banque centrale

Le coup du régime Rajoelina ressemble plus à un subterfuge pour placer son homme à la tête de ma Banque centrale et en prendre le contrôle. D’après le statut de la Banque centrale, le gouverneur est remplacé en cas d’empêchement décidé par le conseil des ministres après constatation d’une incapacité physique ou d’une faute grave, protestent les grévistes. « Il n’y a aucun motif d’empêchement », clame leur porte-parole.

Ny Aina Razafindrakoto dénonce la procédure de nomination du Directeur général à qui le ministère des Finances veut confier la clé de la banque centrale. « Celui-ci doit être nommé en conseil des ministres sur proposition du conseil d’administration, ce qui n’a pas été le cas », a-t-il expliqué. « Le pire est qu’ils donnent l’impression de vouloir faire un recrutement pour le poste du gouverneur comme s’il s’agissait de n’importe quel autre travail », fustige Mr Razafindrakoto.

Une simple lettre pour prendre le contrôle de la banque centrale

La Banque centrale est en effet régie par un statut très particulier qui lui permet d’échapper à un contrôle politique par un régime non élu et totalitaire qui veut la faire passer pour une simple direction du ministère des Finances. L’éviction du gouverneur et la nomination de son remplaçant, temporaire ou définitif, sont décidées en conseil des ministres. La HAT fait le forcing par en utilisant le ministre des Finances. Elle joue sur le fait que le mandat du gouverneur et du conseil d’administration est théoriquement expiré mais sait qu’elle ne peut pas les remplacer.

Le gouverneur est remplacé théoriquement par le directeur général en attendant une nouvelle nomination. Par une simple lettre du ministre des Finances, Frédéric Rasamoely a été notifié de son éviction. En 2009, les putschistes arrivés au pouvoir avaient tenté de le faire passer pour un « voleur » en lui interdisant de sortir du territoire. C’était sans compter sur la détermination des employés de l’institution qui ont fait valoir leurs droits.

Les employés de la Banque centrale entament donc une nouvelle fois une grève contre la HAT pour défendre leur gouverneur et l’intégrité de leur institution. La HAT en tant que régime de facto et non reconnu ne pourra pas nommer un gouverneur tout de suite. La stratégie de donner le pouvoir à un directeur général qui a été imposé à la Banque centrale risque de nuire à la crédibilité de l’institution. Les grévistes interpellent sur le danger de voir la Banque centrale dirigée par une seule personne et qui de surcroit ne sera pas reconnue par les instances financières internationales.

Une grève de résistance contre un régime qui lorgne sur l’argent de l’Etat

Déjà, c’est une personne qui a pris le pouvoir par un changement anticonstitutionnel de gouvernement qui gère l’ensemble des finances publiques. Toutes dépenses dépassant les 200 millions d’ariary doivent être avisées par Andry Rajoelina. Le problème est que les caisses de l’Etat sont loin de déborder malgré les annonces pompeuses des bons résultats des directions des Douanes et des Impôts. Cela ne sert à rien d’avoir pris le pouvoir de contrôler les dépenses si l’argent lui-même est hors de contrôle.

La HAT se croit-elle avoir la légalité et la légitimité pour placer enfin un de ses hommes dans le bâtiment voisin du palais présidentiel qu’elle squatte depuis 2009. Ce forcing pour mettre la main sur l’argent du pays à quelques mois des élections, si scrutin ont lieu, est plus que suspect. Le premier ministre Omer Beriziky va-t-il agir pour protéger l’intégrité de la première institution financière de l’Etat ? Il a bien annulé la décision d’un ministre pour nommer des PDS à la place de maires. Il peut aussi annuler la décision du ministre des Finances qui limoge et remplace d’une manière tout aussi « illégale » le gouverneur de la Banque centrale de Madagascar.