mercredi , 24 avril 2024
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Le week-end de Pentecôte a été "sanglant", si on se réfère à l'édition du lundi 10 juin de Tribune. Les meetings du KMMR à Tana et du CRN à Tamatave ont avorté après des affrontements musclés.

Lapidation des « opposants » et déclarations présidentielles sur l’éducation.

La Gazette de la Grande Ile et Tribune sont très critiques quant au déroulement et à l’épilogue des manifestations de samedi, menées par le KMMR nouveau et le Crn dans les deux principales villes de Madagascar. Malgré le parallèle que l’on peut induire des deux cas, « le KMMR n’a aucun ennemi et ne s’allie pas avec le CRN », a déclaré un des leaders du KMMR à Mahamasina. La Gazette relate ainsi le déroulement des faits à Tana : « les casseurs ont lancé des pierres sur les dirigeants du KMMR au moment où Voninahitsy Jean Eugène se présentait devant le micro ». Selon ce quotidien, de telles pratiques auraient pu tomber en désuétude, puisque les « meetings dispersés à coup de pierre, (…) cela ne s’est pas vu depuis au moins 35 ou 40 ans. Le dernier remonte à la campagne des élections municipales de Tana-ville en 1965 », lorsque le parti AKFM s’était vu opposé au PSD au pouvoir du président Tsiranana. Comme quoi l’histoire est en train de se répéter … Par ces pratiques, l’opposition s’en trouve « muselée partout », titre donc le même quotidien à sa Une : « il y eut une volonté évidente de bâillonner et de priver de parole, (…) en témoigne l’acharnement destructeur à l’endroit de tout ce qui pouvait assurer la communication », du micro à l’estrade. La Gazette termine son coup de gueule sur une note explicite : « il semble bien que l’actuel régime soit plus radical que son prédécesseur dans la volonté de museler ses opposants ».
Tribune revient lui aussi sur le fameux samedi, et insiste beaucoup sur le bilan, en dénonçant l’attitude des forces de l’ordre, surtout à Tana, que le quotidien accuse de « non assistance à personne en danger », les affrontements et les destructions ayant eu lieu sous la barbe et au nez des éléments de la sécurité publique du commissariat situé à quelques mètres de là, et qui se sont considérés « comme de simples spectateurs ». « On commence à s’interroger sur le vrai rôle des forces de l’ordre à Madagascar », continue le quotidien, en ajoutant de l’eau au moulin des critiques dans son édito : « le régime en place vient d’inscrire son nom au tableau noir l’usage de la violence », et annonce que deux autres provinces sont en train de « solliciter le KMMR et le CRN à venir chez eux ».
L’Express de Madagascar voit quant à lui la situation dans un tout autre angle dans sa rubrique « Expressions », en faisant remarquer une situation de déjà vue, faisant allusion au premier meeting dans la capitale du KMMR, qui a également dégénéré en affrontements, le 13 mai dernier. CRN et KMMR, bien que faisant semblant de se tourner le dos, poursuivent des objectifs identiques, selon ce quotidien : « l’incident grave qui enclencherait la spirale de la violence ». Dans la même foulée, l’Express cite l’ancien président Zafy Albert : « le CRN ne reculera plus, (…) et ira jusqu’à monter un gouvernement de transition ». Parallèlement aux manifestations du CRN à Tamatave samedi, le président Ravalomanana a assisté dans la même ville à l’ouverture du mois de l’enfance. Il a ouvertement mis en garde ceux qui auraient en tête de troubler la marche vers le développement qu’il est en train d’initier, en troublant la sécurité du pays : La Gazette reprend ainsi un extrait du discours présidentiel selon lequel « nous disposerons de nouveaux matériels très sophistiqués et performants pour garantir la sécurité ». S’étant senti visé, Zafy aurait rétorqué, toujours selon ce quotidien, que « ces matériels très sophistiqués ne nous font pas peur, le peuple n’a pas peur des armes ».
La sécurité fait en effet partie des maîtres mot du gouvernement actuel, avec l’infrastructure, le volet social et la bonne gouvernance. L’ouverture officiel du volet infrastructure a eu lieu il y a plusieurs semaines à Sambava. Cette fois-ci, c’est au tour du volet social, avec « l’ambitieux programme éducatif » de Ravalomanana, selon l’Express. « 90 millions de dollars, soit 500 milliards de francs pour faire face aux besoins de l’enseignement et de l’éducation », somme mise à la disposition du pays par la Banque mondiale, selon Tribune. Sur le même point, Midi Madagasikara annonce que « les enseignants, à l’instar des élèves, seront dotés de kits » scolaires pour un coût avoisinant les 10 millions de dollars. En outre, « l’état prendra en charge les 9 premières années de scolarisation (des jeunes malgaches) à partir de 2004 ». Les explications nous sont livrés par Tribune : « les enfants doivent impérativement passer 9 ans d’études, appelés dorénavant « années primaires » ».