jeudi , 25 avril 2024
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Une double célébration du nouvel an malagasy, selon le calendrier lunaire ancestrale, a presque ressuscité une tradition oubliée. Il a fallu aux associations œuvrant pour la sauvegarde de ces coutumes du temps de la royauté faire de nombreuses recherches. Mamelomaso à Andohalo, Trano kolotoraly malagasy à Ambohimanga, les festivités ont ravi les habitants qui vivent sous le ciel.

Le nouvel an 2010 des terriens malagasy dignement fêté

« Gloire à dieu le créateur, que nous soyons mille à passer le nouvel an, unis comme une famille, ayons une longue vie pour la partager avec nos enfants et petits-enfants », c’est un peu long pour souhaiter une bonne année. A Andohalo comme à Ambohimanga, les convives ont attendu le nouvel an dans la joie. Le réveillon traditionnel a été passé dans la lumière. Les lampions, symboles du feu éternel, ont été passés d’un individu à un autre. L’esprit de l’ « Afo tsy maty » est en effet de transmettre le feu à quelqu’un mais aussi pardonner à l’autre. Le jeu de mots est en réalité deux homonymes en malagasy : « mamindra afo » et « mamindra fo ».

« Le flambeau permet aussi d’amener dans le nouvel an le meilleur de l’année qui s’achève », explique Henri Randrianjatovo de  Trano kolotoraly malagasy. Selon lui, le feu incarne aussi bien la vie que l’esprit qui fait l’homme.  « On se transmet la lumière, on chasse l’obscurité », commente Nosy Rabejaona de l’association Mamelomaso. Personne n’allume lui-même son lampion et le passage de la flamme met tout le monde à l’unisson.

Le 16 mars à 00h02 minutes a commencé l’année malagasy. A l’aube, les festivités du jour de l’an commencent. Le petit déjeuner royale est un délice : du riz et du lait, le tout arrosé de miel ! L’événement le plus important de la journée est la cérémonie de bénédiction ou « fafy rano ». De l’eau purificatrice recueillie à l’aube à une source accompagnée de vœux, les bénis peuvent envisager l’année sous de meilleures perspectives.

Les festivités n’ont certainement pas le faste d’antan. L’association Mamelomaso aurait bien aimé abattre des zébus mais ce détail important de la célébration a été laissé de côté, faute de moyen. La coutume vœux que le zébu soit de type « volavita », fort, une peau claire sur le front. L’arrière train, le meilleur morceau est réservé au roi. La viande est partagée aux convives pour raffermir le lien social. Il ne s’agit point de sacrifice ni d’offrande. Les défenseurs du nouvel an malagasy se défendent par ailleurs d’associer cette tradition à des pratiques occultes.

« C’est une coutume qui nous distingue des autres pays », dit Nosy Rabejaona quand elle évoque le nouvel an malagasy. « L’on ne peut se développer sur le plan économique si nous n’avons pas une culture qui nous sert de repère», ajoute-t-elle. Pour l’association Mamelomaso, le « fihavanana » et le pardon ont été le message du nouvel an. Les grandes festivités royales d’avant la colonisation ne sont plus que des faits historiques. Rien que pour désigner le « roi » qui doit faire le bain royal est problématique.

Le nouvel an Malagasy était la plus grande fête à Madagascar du temps de la royauté. C’était une sorte de fête nationale qui a cessée d’être célébrée en 1896 pour être remplacée par le 14 juillet. Au milieu des années 1990, les autorités étatiques sous le régime Zafy ont honoré la célébration sous le nom d’ « Alahamadibe ». L’oubli a fait son travail sur l’histoire et le nouvel an a eu du mal à être adopté à nouveau. Sans les rituels, l’événement serait limité à du folklore.