vendredi , 29 mars 2024
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Une politique économique qui vise la croissance et ambitionne de lutter contre la pauvreté ne saurait être complète que si elle est assortie avec une bonne gestion des finances publiques. Les progrès réalisés par Madagascar dans les années 2000 ont été notables pour maintenir une stabilité macro-économique, allouer les ressources selon une stratégie définie, être efficace dans l’exécution budgétaire. Malheureusement, la transparence, l’efficience et le contrôle avaient disparu à tel point que les intérêts privés ont fini par triompher.

Les finances publiques, le grand défi du développement

C’est un demi-échec pour le système puisque la base est là et qu’il faut des hommes pour mettre en pratique la bonne gouvernance budgétaire afin que les finances publiques contribuent réellement à la réduction de la pauvreté et au développement économique. Entre 2003 et 2008, Madagascar a pu contenir le déficit budgétaire à 5% du PIB. Cette performance a été réalisée en compagnie des bailleurs de fonds dans le cadre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance du Fonds Monétaire International. L’effacement de certaines dettes et les aides budgétaires extérieures avaient permis au pouvoir de ne pas financer le déficit par les fonds de la Banque centrale.

La bonne gouvernance durant la transition consistait à limiter les dépenses d’investissements, qui ont chuté de 30% entre 2008 et 2010 et à honorer les dépenses incompressibles dont le salaire des fonctionnaires et le paiement des dettes. Dans sa politique d’austérité, Hery Rajaonarimampianina, ministre des Finances à l’époque, a limité les emprunts internes sur les marchés obligataires, seulement 14% d’augmentation en 2009, et les emprunts à la Banque centrale avec une hausse contenue à 18%.

Cette performance budgétaire jadis tant vantée par le président de la Transition n’était pas sans conséquence sur le plan macro-économique, l’Etat se privant de son habituel moteur de croissance que sont les investissements publics. Par contre, le déséquilibre a été atténué entre les ressources internes à hauteur de 12% des PIB et les dépenses budgétaires qui étaient de 60% quand le pays bénéficiait de financements extérieurs.

Les problèmes de la gestion des finances publiques n’ont pas été résolus. Les institutions militaires et politiques ont été fortement financées, à commencer par la présidence de la République. L’Etat central gère 95% du budget pour ne laisser que des miettes aux collectivités. Le taux d’exécution budgétaire n’atteignait pas les 70% alors que des fonds passent d’un ministère à un autre. La loi des Finances n’est pas exécutée à la lettre et donne au pouvoir une grande liberté à gérer des fonds publics hors budget.

Hery Rajaonarimampianina devra corriger les défaillances dans l’exécution budgétaire, car cette fois-ci, il y aura des fonds à dépenser en tant que président de la République. Le système malgache souffre de l’absence de contrôle dans les comptes-rendus de la gestion et l’impunité des auteurs de mauvaise gestion, voire de détournement. Le budget programme n’est pas une solution miracle, car il faut les moyens humains et informatiques pour le mettre en œuvre. Il n’a pas été une grande réussite à Madagascar qui n’était sans doute pas prêt pour une réforme de cette nature.