mercredi , 24 avril 2024
enfrit
Toute cérémonie importante nécessite un kabary préliminaire, une des formes encore bien vivante de la littérature orale malgache.

Maîtriser l’art du verbe

L’art du kabary

Ce sont les missionnaires anglais qui ont commencé à effectuer,
au XIXè siècle, une collecte de la tradition orale malgache, y
compris celle du kabary, à travers leurs transcriptions des
discours royaux.

Le kabary s’apparente en fait à un rite, un discours de
circonstance préalable à toute activité importante liée à la
vie (familiale ou publique) du malgache, de la naissance, en
passant par la circoncision et le mariage, jusqu’au décès et
même au moment du famadihana ou du retournement des morts. Les cérémonies officielles n’échappent pas à la règle.

Le kabary constitue aujourd’hui une tradition orale bien vivante,
il est toujours pratiqué et sa structure a peu ou pas du tout
évolué : le discours commence obligatoirement par des excuses
(fialan-tsiny) afin d’éviter les conséquences fâcheuses liées
à un possible non respect de certains tabous régissant la
société (le fait de prendre la parole avant un aîné par
exemple) ; puis viennent les remerciements (Dieu et les
ancêtres, les autorités et l’assistance…) et les salutations
; ce n’est qu’après que le mpikabary (l’orateur) aborde le vif
du sujet appelé aussi « ranjan-kabary », tout en accordant une
attention particulière au style qu’il adopte. C’est à ce niveau
que l’on peut dire que le kabary est un art oratoire à part
entière, où les figures de style et les allusions abondent, et
où l’utilisation adéquate des ohabolana (proverbes) et des
hainteny (sorte de poèmes) permet à l’assistance de distinguer
le bon d’un piètre mpikabary.

Un attraît croissant


Le Kabary, du fait qu’il lui est propre, a une grande
importance aux yeux des malgaches. Cette importance ne se limite
pas à cela, puisque pour la société en général, c’est un
moyen d’éducation, de réflexion, un vecteur pour la tranmission
de la sagesse malgache et de son savoir-vivre.

L’attrait pour le Kabary est alors aujourd’hui plus que jamais
intense, touchant toutes les tranches d’âge ainsi que toutes les catégories socio-professionnelles. Les initiés sont en outre conscients de la nécessité de préserver, de revaloriser et de diffuser cet art en formant les personnes
intéressées, dont le nombre est en constante augmentation ; un
apprentissage de 6 mois serait nécessaire pour devenir
mpikabary.

66 mpikabary (53 viennent de la capitale et 13 de Mahajanga)
viennent ainsi d’achever ce mois-ci leur formation en art oratoire et
sur les différentes sortes de kabary : kabary am-panambadiana
(à l’occasion d’un mariage), kabary ankalamanjana (en plein
air), kabary humoristique entre autres. Cette dernière promotion
baptisée « mahatsangy », dont le benjamin a 11 ans,
comprenait des gens issus du milieu estudiantin, clérical,
médical, de l’enseignement et de l’armée. Ces nouveaux
mpikabary ont été formés avec le concours de l’association
« Antso », et la rentrée officielle de la prochaine
promotion est prévue pour le début du mois de Septembre
prochain.