jeudi , 18 avril 2024
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Le Président étant à l'extérieur et le rapprochement entre le KMMR et les proches du pouvoir ont quelque peu calmé la situation socio-politique à Madagascar. Les principaux quotidiens parus le 17 juin ont ainsi chacun leur propre Une.

Petite trêve politique, défis à relever et problèmes divers …

Atteindre un taux de croissance de 8%, tel est le défi que doit relever le gouvernement, une performance digne des dragons du sud-est asiatique. Le gouvernement n’a plus droit à l’erreur, selon Midi Madagasikara, « auquel le Président a donné six mois pour démontrer ses talents ». C’est ce qui ressort du colloque gouvernemental de trois jours qui s’est achevé dimanche. Le bilan de la fin de semaine peut ainsi être qualifié de globalement positif dans le domaine politique, où « un terrain d’entente (est) en vue : KMMR-pouvoir », selon les propos de Marson Evariste, recueillis par le journal, qui revient sur la rencontre de samedi entre les proches du président et les dirigeants du KMMR nouveau. Midi s’interroge quand même sur la suite de cette rencontre qui, vraisemblablement, ne sera pas la dernière : « le pouvoir va-t-il faire des concessions face aux revendications de ce groupement de partis qui voudrait être présent au sein du gouvernement ? De son côté, le KMMR va-t-il arrêter ses différentes manifestations publiques à travers le pays ? ». Tribune revient également sur cette rencontre et sur le voyage présidentiel dans son édito, qui énonce un souhait ironique à propos de la visite du président au Vatican : « on souhaite en tout cas que le Pape Jean Paul II lui insuffle un peu de son esprit de tolérance pour que le président Ravalomanana abandonne son intransigeance envers ses frères de lutte « indisciplinés » et leur pardonne enfin pour leurs critiques acerbes, frôlant parfois la diffamation qu’ils ont émises contre lui ? ».


La Gazette de la Grande Île, quant à elle, a recueilli les propos du PDS de la province de Toamasina, qui n’a pas mâché ses mots pour dénoncer les agissements du CRN local qu’il « entend bien distinguer du mouvement KMMR » : « l’opposition espère beaucoup sur le blocus du port de la SEPT pour pousser la population à se retourner contre le régime » et espère une « réédition des mouvements de masse dans les rues et sur la place du 13 mai » en vue de déstabiliser et faire chuter le pouvoir actuel. M. Tsizaraina Emile lance ainsi un sérieux avertissement à l’endroit de ces opposants locaux qui refusent de jouer le jeu démocratique en ayant pour fin « le chaos » et qui « se cantonnent dans une attitude rebelle intraitable » : Le non-respect des lois et des règlements en vigueur sera réprimé.


L’Express de Madagascar est le seul quotidien à signaler un risque de coup de vent glacial dans les relations diplomatiques américano-malgaches, en publiant la mise en détention de Robert Estimé, un haïtien Directeur du projet « Landscape development interventions » ou LDI, « le fer de lance de la coopération américaine dans la lutte contre la pauvreté dans le milieu rural ». L’affaire aurait été révélée par « un encart anonyme paru samedi dans les journaux ». L’arrestation du directeur de projet serait liée à sa vie privée, mais le quotidien signale tout de même que « le processus judiciaire et le respect de l’esprit et de la lettre des lois malgaches feront l’objet d’une attention particulière », puisque le pays a déjà amèrement expérimenté le traitement judiciaire « désastreux » d’une fameuse affaire qui a presque entraîné la rupture des relations diplomatiques entre un partenaire de poids et la Grande île : il s’agit de l’affaire Arnold Walter, ou le meurtre d’un chef de projet suisse ; une affaire à la suite de laquelle la suisse a procédé à une « redéfinition de sa coopération bilatérale avec Madagascar ».


Enfin, Tribune qui revient sur un fait social touchant principalement les malgaches de l’hexagone : l’esclavage moderne ou « ces damnés de la serpillière ». C’est à Bordeaux que l’affaire refait surface, lorsque « le 10 juin 2003, la cinquième chambre du tribunal correctionnel de Bordeaux a jugé une affaire d’esclavage domestique », « une jeune malgache esclave de sa cousine ». Tribune rappelle que trois autres cas d’esclavagisme moderne touchant les Malgaches sont déjà apparus au grand jour en France : le premier a mis en cause une « influente famille malgache en poste à Paris », le second a touché « un riche homme d’affaires appartenant à la communauté indo-pakistanaise de Madagascar », et le troisième concernait « un retraité, fonctionnaire international à l’UNESCO ».