mardi , 23 avril 2024
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Après une convention signée avec le ministère des Finances de la Transition, le Groupe Tiko se rétracte et « refuse » de tourner car les conditions ne s'y prêtent pas. Les autorités brandissent la menace de la saisie des biens.

Tiko ne veut pas et ne peut pas tourner, faute de moyens

« Nous nous engageons à redémarrer nos activités dès que les vols ou destructions de nos propriétés ainsi que les menaces et intimidations à notre encontre cesseront ». C’est la raison officielle avancée par la Direction générale de Tiko pour justifier son refus de suivre l’ordre du gouvernement de transition.

Le gouvernement prépare une contre-offensive. C’est le nouveau Directeur général des Impôts qui a annoncé la couleur en révélant que l’Etat est prêt à faire payer Tiko par tous les moyens et récupérer son dû. Cela inclue une procédure de recouvrement forcé qui implique la saisie des biens de l’entreprise. Armand Tazafy promet que les procédures légales seront scrupuleusement respectées afin d’éviter un recours possible.

Combien Tiko doit-il à l’Etat. Auprès de la Direction générale des Impôts, on ne crie pas au scandale car les impayés sont à peu près dans les montants que doit payer une grande entreprise malgache. Les derniers chiffres avancés seraient de 300 milliards d’Ariary. Selon un communiqué de Tiko, les autorités de la transition réclament à l’entreprise de Marc Ravalomanana six fois plus, soit 1 900 milliards d’ariary.

C’est « la moitié de ce que Coca-Cola Company a payé » comme impôts riposte Tiko, affirmant que les données des autorités sont « clairement erronées ». Selon des indiscrétions auprès de la DGI, la somme réclamée compterait aussi des montants d’impôts qui ont été amnistiés et les divers avantages fiscaux accordés à l’entreprise. De là à atteindre les 800 millions de dollars, le doute est tout à fait légitime.

Touché de plein fouet par la crise politique, le fleuron de l’industrie agroalimentaire à Madagascar n’a pas les moyens de reprendre ses activités. Ses locaux, ses entrepôts, ses usines de production, ses matériels roulants ont été victimes de pillages et de vandalisme. Le gouvernement de la transition a essayé de faire pression sur Tiko afin que ce dernier reprenne la production, d’une part pour éviter la pénurie de PPN dans le pays, d’autre part afin de payer ses « dettes » envers l’Etat.

C’est la HAT elle-même, aidée par des militaires qu’un communiqué de Tiko avait qualifié de « mutins », qui a exigé que l’entreprise cesse ses activités après des fouilles et saccages des locaux et confiscation de matière première.

Le refus de l’entreprise de la famille Ravalomanana de travailler pour la HAT est moins politique qu’il ne paraît. Tiko ne dispose pas tout simplement des moyens de production pour prétendre produire et satisfaire le marché national. A cela s’ajoutent des raisons de sécurité, à savoir les attaques contre ses camions de transport ou encore  la menace à l’encontre des employés.

Des investissements pour relancer la machine sont pour l’instant improbables. Le ministre du Commerce de la Transition a appelé les opérateurs économiques et les importateurs à collaborer pour éviter la pénurie de PPN et l’inflation, prédisant une éventuelle défection de Tiko. Il est vrai que tout un pays ne devrait pas dépendre d’une seule entreprise. Changer les choses de manière brusque et brutale tue l’entreprise en question et prive consommateurs. La grogne monte.