mardi , 23 avril 2024
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Dans le cadre des séminaires interdisciplinaires Raoelina Andriambololona, la pollution de l'air par le plomb revient sur le tapis ?

Un premier pas vers le super sans plomb.

Durant la crise traversée par Madagascar, l’air inhalé à tana a été qualifié de non pollué. La principale raison en a été la pénurie quasi totale de carburant. Par déduction, ce sont donc les gaz d’échappement dont la quantité émise varie en fonction de divers facteurs tels que la dégradation et l’étroitesse des rues et le nombre exponentiel du parc automobile tananarivien, qui polluent la capitale.


Le dioxyde d’azote, le dioxyde de soufre, le monoxyde de carbone, l’ozone le plomb ainsi que d’autres matières particulaires émis par les pots d’échappement ont des effets nocifs sur la santé humaine. L’inhalation de plomb provoque par exemple le saturnisme qui touche en grande partie les nourrissons et les enfants, constituant un facteur de blocage de la croissance, mais n’épargne nullement les adultes. Quant aux matières particulaires, elles agissent surtout au niveau du système cardio-vasculaire et pulmonaire.


Les analyses effectuées par l’Institut National des Sciences et Techniques Nucléaires (INSTN – Madagascar) au niveau de divers endroits de la ville ont démontré la situation critique de Tananarive en matière de pollution de l’air par le plomb, la plupart des lieux étudiés sont classés saturés, le taux de plomb dans certains endroits dépassant largement les valeurs fixées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).


L’utilisation du plomb comme élément permettant de doper les produits de la raffinerie est cependant toujours nécessaire à Madagascar, afin que le carburant puisse se conformer aux normes en vigueur. La prise de conscience au niveau des pays développés des dangers présentés par l’essence « plombé », les conduisant à interdire ce type de carburant a poussé les pays en développement comme le nôtre à penser à la planification de l’avènement de l’essence sans plomb, à sa nécessité et à sa possibilité.


Malgré le fait que l’unanimité n’est pas encore acquise en ce qui concerne la nécessité de remplacer nos carburants actuels par l’essence sans plomb, la majorité s’allie à l’idée selon laquelle on ne peut continuer d’utiliser l’essence avec plomb. Ainsi, plusieurs méthodes existent pour essayer de diminuer ce taux de plomb : celle de remplacer le plomb par un succédané, l’isomérisation consistant à modifier la structure moléculaire du carburant ou encore le remplacement du plomb par d’autres additifs. La première méthode présente des dangers puisque ce sont généralement des composés d’oxygène qui sont utilisés (ce système est interdit dans la Communauté européenne, contrairement aux Etats-Unis, et difficilement envisageable pour Madagascar). Le second procédé nécessite une technologie sophistiquée et donc un investissement onéreux que l’économie malgache ne pourrait supporter pour l’instant. La troisième méthode est donc la seule envisageable en l’état actuel des choses, ce qui emmène les acteurs du secteur pétrolier malgache à expérimenter d’autres additifs susceptibles de remplacer le plomb.


Si le gas-oil présente un assez faible taux de plomb dans sa composition, l’essence en contiendrait 145 micro grammes par gramme, contre 285 pour le super. Or, la consommation de supercarburant demeure faible à Madagascar (environ 6000 mètres cube par an), ce qui a poussé les sociétés pétrolières à renoncer à sa fabrication et à opter pour son importation. Une annonce concrète a ainsi pu être émise par ces dernières : L’importation prochaine au même prix à la pompe que celui pratiqué actuellement pour ce type de carburant. Aucune échéance n’a été fixée pour cela, mais d’ores et déjà, un appel a été lancé à l’Etat afin que celui-ci prenne des mesures incitatives au niveau fiscal, afin d’encourager les consommateurs concernés à préserver l’environnement par l’utilisation du super sans plomb. Un premier pas certes timide, mais qui doit être absolument accompagné pour son efficacité au niveau écologique par d’autres mesures telle que l’adaptation progressive des véhicules aux carburants sans plomb.