jeudi , 25 avril 2024
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Le spectre du lundi noir, un jour et une nuit marqués par des pillages et des actes d’anarchie, plane encore un an après les faits. Le mouvement populaire contre le régime en place a dégénéré sans que les forces de l’ordre ne soient intervenues. Madagascar est entré dans une crise politique profonde dont l’issue n’est pas encore trouvée en ce début 2010.

26 janvier, il était une fois un lundi noir

Jamais dans l’histoire de pays un tel chaos n’a été vu à Antananarivo et dans les autres grandes villes. Les manifestants acquis à la cause de Andry Rajoelina se sont attaqués à des biens « personnels » appartenant au président Ravalomanana. Les magasins de grande distribution Magro, tout comme les matériels roulants appartenant au Groupe Tiko, ont été pillés puis incendiés.  Les faux révolutionnaires comptaient dans leurs rangs des habitants des quartiers populaires auxquels se sont joints des profiteurs de tous bords.

Violences politiques

Les événements du 26 janvier 2009 avaient commencé dans la journée à Anosy. Ce jour-là, des étudiants ont été entendus au tribunal dans l’affaire de l’attaque « terroriste » contre des locaux du ministère de l’Environnement. Sur la place du 13 mai, Andry Rajoelina avait harangué la foule de manifestants pour venir libérer les accusés qui étaient déjà placés sous mandat de dépôt. Quelques dizaines d’éléments de forces de l’ordre avaient sécurisé le tribunal. Sous la pression de la foule, ils ont pris la fuite dans la cour de la Radio et de la Télévision nationales.

La cible des manifestants n’étaient plus le tribunal et l’objectif de libérer les étudiants devenaient secondaire.  Pour cause, les insurgés ont pris à la lettre le discours du maire Andry Rajoelina qui les a invités à « venir prendre la télévision nationale » puisque les auteurs du mouvement populaire n’y ont pas accès. La prise de la TVM ne s’est pas déroulée comme à l’accoutumée lors des tentatives de coup d’Etat. La nouvelle immeuble flambant neuve et équipée de matériels de dernière technologie n’a pas été assiégée ni l’antenne confisquée. Il fallait à tout prix priver le pouvoir de moyens de communication. Cette stratégie s’est poursuivie par le pillage et l’incendie de la station audiovisuelle MBS appartenant au président Ravalomanana.

A feu et à sang

Dans l’après-midi du 26 janvier 2009, les pillages ont continué, encouragés par l’étonnante absence des forces de l’ordre. Pour commencer, les manifestants ont pris pour cible les entreprises du président Ravalomanana à Antananarivo. Les différents sites de Magro sis à Ankorondrano, Tanjobato et Behoririka ont été assaillis, pillés puis brûlés. Les pilleurs se sont aussi attaqués à d’autres commerces en particulier dans des centres commerciaux à Ankorondrano, à Behoririka et Analakely. Le chaos avait continué dans la nuit. La radio Antsiva avait transmis en direct certains événements plongeant la capitale dans une peur collective sans précédentes. Dans les régions, les Magro ont été la cible des manifestants. A Antsirabe, l’usine du groupe Tiko a été défendue par la population. 

Andry Rajoelina, en tant que maire d’Antananarivo, s’est montré responsable dans cette nuit du lundi noir. Il a sillonné les quartiers touchés par les pillages, entourés de journalistes et de son service de sécurité personnel. Le leader du mouvement populaire qui n’avait pas encore la sympathie des militaires avait appelé les forces de l’ordre à intervenir sans que ces dernières ne se manifestent. Les pilleurs opéraient en toute tranquillité. Quelques jours plus tard, le président Ravalomanana a révélé que l’ordre de ne pas intervenir venait de lui afin d’éviter un bain de sang. Malheureusement des pertes de vie ont été enregistrées. Les victimes ont péri par le feu, coincés dans les magasins en flamme. Des incendiaires étaient là pour mettre le feu.