mercredi , 24 avril 2024
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Les résultats officiels de l'élection présidentielle continuent de susciter la colère de la foule à Tananarive et dans les grandes villes du pays.

A Madagascar, 9 juges tiennent en échec 6 millions d’électeurs

Comme à chaque élection, les observateurs des élections ont amené à la Haute Cour Constitutionnelle leur lot d’irrégularités et de requêtes d’annulation. Cette année par ailleurs, le principal opposant à l’actuel Président, le maire Marc Ravalomanana, avait « tout prévu »…


Grâce à des hélicoptères loués pour l’occasion, il a fait ramener dans la capitale une dizaine de milliers de procès verbaux des bureaux de vote. La comparaison de ces procès verbaux et des résultats officiels devait clairement montrer que les résultats des élections étaient truqués. Aussi a-t-il demandé à la Cour de comparer ces documents à ceux remis par le Ministère de l’Intérieur.


Les 9 juges qui constituent la HCC, enfermés pour l’occasion dans un hôtel bien gardé situé à 50 km de leur siège habituel ont non seulement décidé qu’ils n’avaient pas à faire cette comparaison mais également que les requêtes de disqualification apportées par les associations d’observateurs des élections étaient irrecevables. Se basant sur une interprétation des textes que tout juriste trouvera étonnante dans un tel contexte, la HCC a donc, le 25 janvier dernier, avalisé, à quelques centièmes prêt, les résultats officieux affichés au ministère de l’Intérieur. Les deux candidats devront donc, d’après cette décision juridique irrévocable, être confrontés à un second tour.


Au regard de cette situation conflictuelle, un juge malgache résume la situation juridique comme suit:


« En résumé, à mon avis, on peut estimer que la Haute Cour Constitutionnelle qui était déjà suspecte de partialité envers le régime en raison de ses conditions d’installation à savoir la désignation des juges au dernier moment et dans des conditions de légalité douteuses ( prestation de serment à Iavoloha -fief du président Ratsiraka, désignation de partisans avérés de l’Arema-parti du président Ratsiraka) s’est déconsidérée en acceptant de statuer dans des conditions indignes, d’une justice indépendante, c’est à dire, hors de son siège social, qui plus est dans un immeuble privé, en brousse et derrière des cordons de militaires.


On peut aussi la taxer de partialité pour deux motifs : elle a refusé d’effectuer la comparaison des procès verbaux contestés, opération qu’elle pouvait effectuer en se saisissant d’office et elle a refusé de statuer sur les requêtes en annulation des groupements ayant le statut d’observateurs nationaux. »



Le candidat de l’opposition, Marc Ravalomanana, refuse cette décision qu’il considère comme la preuve d’une justice corrompue et la foule, avec lui, réclame toujours une confrontation des procès verbaux plutôt que de se lancer dans un nouveau tour électoral aux règles du jeu truquées.


Les chancelleries ne l’ont peut-être pas compris car, de l’ONU à la France en passant par les Etats-Unis, les pressions se font fortes pour pousser M. Ravalomanana a accepter dès maintenant la tenue d’un second tour.


Parallèlement, dans la rue, des groupes musclés, partisans du président Ratsiraka, effectuent des actes d’intimidation et de répression dignes des dictatures les plus sombres. Comme ce 30 janvier dernier où, selon le quotidien Midi Madagascar, des groupes armées ont saccagés des locaux appartenant à des sympathisants de l’opposition dans la ville de province de Mahajanga.


Sans savoir où va mener la volonté des opposants au régime en place, il semble que la parure de légalité qu’affiche le Président Ratsiraka porte de moins en moins le sceau de la crédibilité.