vendredi , 29 mars 2024
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26 juin 2011, c’est bien pour la troisième fois que l’élu maire d’Antananarivo assiste aux défilés militaire en tant que chef présumé des forces armées. La légalité de la fonction de Andry Rajoelina, tient à un fil, une constitution votée à la hâte pour le maintenir au pouvoir et lui permettre de le garder. Et pourtant, celui qui a été investi du pouvoir par la rue et par l’armée se croit être l’élu, se comparant lui-même sans fausse modestie à un certain Jésus Christ.

Andry Rajoelina : être l’élu à défaut d’être élu

Le chef de l’autorité de fait a arboré sa tenue de prince pour les cérémonies de la fête de l’indépendance. Avoir l’air d’un souverain serait plus propice quand on n’est pas reconnu ni élu comme étant un président. Le jeune chef de l’autorité a fait un rappel approximatif de l’histoire du patriotisme. « Jaloux de la souveraineté, les raiamandreny ont donné leur vie par amour pour le pays, a-t-il déclaré. La libération et l’amélioration de la vie nationale (sic) continuent aujourd’hui ».

Et Andry Rajoelina s’est mis à parler de l’avenir. « La route et longue et piégeuse ». Après la leçon d’histoire pour les enfants vint le cours de catéchisme. Tel un gourou devant des disciples dociles, le chef a prêcher la bonne nouvelle, se référant à Saint Mathieu, chapitre XIII, 23-27, s’il vous plaît. Il a raconté l’histoire du voyage du Christ et de ses disciples sur un petit bateau pris dans une tempête : « Seigneur, sauvez-nous car nous allons périr – pourquoi avez-vous peur, où est votre foi ? Et il se leva pour faire cesser la tempête, c’est la même chose que vivent les malgaches (sic) ».

Menés en bateau

Saint Andry joue-t-il le rôle du Christ et tous les malgaches ses disciples ? « Je suis conscient de l’inquiétude de ceux qui se posent la question : est-ce que le bateau va couler ? », rassure le prêcheur d’un dimanche. Il affirme que ceux qui ont la foi et l’espoir, confiant leur destiné à dieu sortent du mauvais pas.

« N’ayez crainte, soyez patients car nous allons arriver au port », insiste l’élu autoproclamé de dieu. « Cela demande toutefois de la solidarité, de la persévérance et du patriotisme », ajoute-t-il. Cela fait deux ans et demi que les malgaches sont menés en bateau et attendent désespérément leur sauveur.

Andry Rajoelina a beau déclaré solennellement que le 26 juin 2011, Madagascar aurait un président de la république élu démocratiquement. Il en aurait dû être ainsi car le mandat acquis par un coup d’Etat militaro-civil et finalement validé par une Haute cour constitutionnel appelée à en prendre acte a expiré en mars 2011. Connaître quelques tours de prestidigitation ne fait pas de vous un prophète.

Andry Rajoelina est le nouveau chef d’Etat non élu avec un mandat non limité dans le temps, marchant sur les traces des Gbagbo ou Kadhafi. Pour quelqu’un qui prétend être le champion de la démocratie, c’est très mal engagé. La constitution personnelle votée au référendum unilatéral stipule dans ses dispositions transitoires que « l’actuel » chef de la transition reste au pouvoir jusqu’à ce qu’il y ait un président de la république élu sans fixer de délai.

Paris perdus d’avance

« Nous sommes obligés à avancer, nous sommes dans la 4ème république, la priorité est de terminer la transition par des élections libres et transparentes pour instaurer l’alternance démocratique », clame le chef de l’autorité de fait.

Pour faire preuve de sa bonne foi, Andry Rajoelina insiste pour se faire élire au plus vite sans toutefois être capable de garantir un climat politique permettant l’organisation de cette élection. Il a déjà fait de sa commission électorale le bouc émissaire.

Le chef de l’autorité appelle la population à participer à la confection d’une parfaite liste électorale. En tout cas, il se lance encore cinq paris qu’il a déjà perdus à plusieurs reprises : la démocratie, une élection crédible, la paix, la lutte contre la pauvreté, la relance économique.  En voilà un pari : Andry Rajoelina sera présent au défilé du 26 juin 2012 pour la quatrième fois en tant que chef suprême de… la transition.