jeudi , 18 avril 2024
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La rencontre de Gaborone ne sera qu’une formalité ou rien. C’est la position du chef de l’autorité de fait qui croit comme acquise une feuille de route particulièrement favorable. Andry Rajoelina pense étouffer la crise politique sans la résoudre en mettant hors-jeu les autres mouvances qui réclament une transition démocratique avant d’organiser les élections.

Andry Rajoelina : Gaborone ne changera rien à l’autorité de fait

Andry Rajoelina et la HAT jouent double jeu. D’un côté, le chef de l’autorité de fait continue sa campagne de lobbying pour convaincre les présidents de la SADC à valider enfin son pouvoir. D’un autre côté, il prépare l’opinion publique et harangue ses partisans, sur la possibilité de garder le pouvoir par des élections non reconnues par la communauté internationale. « « Nous n’allons pas accepter d’être manipulés davantage, si cela ne marche pas à Gaborone, nous allons continuer notre route », a-t-il déclaré lors de la célébration de la récolte rizicole 2011 dans la région d’Itasy.  

La mouvance Rajoelina déguisée en forces politiques compte se rendre à Gaborone pour faire signer par les autres mouvances la feuille de route Simao qu’elle avait paraphée à Ivato. Les paraphes en question n’ont rien apporté à la résolution de la crise. Depuis, Andry Rajoelina a utilisé son « pouvoir royal » donné par le médiateur Simao pour reconduire son premier ministre en l’imposant comme étant le chef d’un gouvernement d’union nationale.

A Gaborone, la HAT n’est pas prête à lâcher du lest. « Cela fait trop longtemps que l’on a fait des concessions », martèle Andry Rajoelina. Le chef de l’autorité de fait rejette toute négociation et remise en question des dispositions de la feuille de route. Il veut une garantie qu’il est le chef de l’Etat et président de la transition et les autres mouvances sont soumises dans les institutions contrôlées par l’autorité de fait.

« Il est écrit qu’aucune partie prenante n’a le droit d’avoir un véto sur l’application de ladite feuille de route ». Andry Rajoelina se méfierait de Marc Ravalomanana et de la mouvance politique du président en exil qui pourraient obtenir une révision de la feuille de route Simao.  « Ce n’est pas nous qui avons écrit cette feuille de route, elle n’est pas tombée du ciel non plus », insiste le chef des TGV. « Si les autres ne veulent pas accepter cette feuille de route, qu’ils en soient exclus… La nation malagasy ni les politiciens n’ont besoin d’eux ». 

Comme le document Simao n’a pas tenu la route en imposant Rajoelina comme un super président avec plus de pouvoir qu’un président élu, le chef de l’autorité revient à un ancien argument. « Il y a déjà un fait accompli que l’on ne peut nier, c’est le référendum », dit-il. Andry Rajoelina estime que ces autres présidents africains n’ont pas la légitimité de remettre en cause la constitution qui lui a donné le plein pouvoir et permet de se porter candidat à la présidentielle. « Quelle constitution dans quel pays va jusqu’à dire qu’il faut que le président démissionne deux mois avant le scrutin », a-t-il lancé.

Dans les rangs de la mouvance Rajoelina, on parie même sur l’échec de la rencontre de Gaborone. Les autres mouvances sont sommées de faire acte d’allégeance et de soumission en signant la feuille de route « Simao-Rajoelina ». Rolland Ratsiraka pense que l’échec de Gaborone est inévitable. On voit mal comment Marc Ravalomanana et sa mouvance puissent accepter une feuille de route qui met à l’écart le président en exil. L’idée de faire des transfuges des représentants officiels de leur ancienne mouvance fait son chemin.