vendredi , 19 avril 2024
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« Choisir la personne qu’ils aiment vraiment lors d’une élection est un droit fondamental pour les malgaches ». Le discours est populiste et incongru pour un auteur d’un coup d’Etat contre un président élu mais l’amertume d’Andry Rajoelina est fort compréhensible. Le chef de la transition se présente comme une solution à la crise après avoir été la source principale du problème et plongé le pays dans le chaos politique, dans la pauvreté et dans l’insécurité durant ses 5 ans de mandat illégitimes et à la légalité douteuse.

Andry Rajoelina, la résignation d’un faux démocrate

Dans un discours à la nation, Andry Rajoelina a livré ses états d’âme. Alors que certains s’attendaient à une grande annonce politique, changement de gouvernement voire une démission, le président de la transition a une nouvelle fois endossé l’habit de la victime après avoir commis un forfait sur le plan politique. « Mon patriotisme dépasse mon ambition », a-t-il déclaré, rappelant aux malgaches son « désir de se porter candidat à l’élection présidentielle ».

Début 2013, c’est aussi par patriotisme qu’il s’est engagé devant les malgaches et la communauté internationale à ne pas être candidat. Pour sa défense, Andry Rajoelina qui n’a pas respecté sa parole comme à son habitude a évoqué une évolution du contexte. Le jeune homme serait une girouette qui ne tourne pas de lui-même mais que le vent de la politique fait tourner.

Andry Rajoelina a certes manqué une occasion de faire un geste politique honorable en refusant de se retirer de la course, il a le mérite de ne pas avoir fait obstacle à la réalisation des autres recommandations des médiateurs du GIC-M. Une éviction par la Cour électorale spéciale lui permet de se faire passer pour la victime et de provoquer chez ses partisans un sentiment d’injustice. « Je respecte la décision de la CES », a-t-il déclaré avant d’appeler les malgaches à « être solidaire pour organiser les élections dans la paix et l’apaisement afin de terminer la transition ».

Inéligible à cause de son coup d’Etat de 2009, Andry Rajoelina doit patienter pour être un vrai président. Il n’est pas le premier à modifier la Constitution à son propre avantage afin de se maintenir au pouvoir. Le « TGV » avait piégé tout le pays par un référendum qui lui donne un pouvoir transitoire illimité. Dans l’impasse sur les plans politique et diplomatique, l’ancien DJ semble pressé de se débarrasser d’un pouvoir non reconnu qui a vu la déliquescence de l’Etat.

« Je me propose pour être une solution pour le pays aujourd’hui et demain ». Pour Andry Rajoelina, désormais le nouveau « problème de ce pays » à force de mimer l’ancien président Didier Ratsiraka, sa non candidature pour 2013 et sa candidature en 2018 sont des solutions. « La sagesse et la tolérance seront l’héritage » qu’il va laisser. Il n’a pas eu l’occasion de le montrer durant le premier mandat de 5 ans qu’il a volé au peuple malgache et en aura besoin d’un autre.

Le putschiste de 2009 sort par la petite porte, avec une éviction de la liste des candidats par la nouvelle Cour électorale spéciale mais veut soigner sa sortie : « je suis prêt à faire une passation démocratique et pacifique après les élections ». Andry Rajoelina a été démocrate pendant trois mois avant d’interdire la place de la démocratie. Il a opté pour la répression par la force de toute opposition politique, grâce à un pacte avec les commandements des forces de l’ordre. Il aura a été à la tête d’une petite dictature militaro-civile qui a agit en toute légalité dans tous ses excès. Une imposture qui aura duré cinq ans.