jeudi , 18 avril 2024
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Alors que Andry Rajoelina et sa mouvance font preuve de défiance plus qu’irrévérencieuse envers les instances internationales, en particulier africaines, les émissaires de la SADC et de l’Union Africaine sont à Antananarivo avec « l’espoir » d’avancer dans le processus de résolution de crise à Madagascar. Ramtane Lamamra et Joaquim Chissano et les autres représentants du Groupe international de Contact – Madagascar sont venus écouter à nouveau les formations politiques qui « disent une chose aujourd’hui et une autre demain ». Pourront-ils raisonner le petit dictateur à la tête d’un mandat de transition illimité ?

Andry Rajoelina vs la communauté internationale, la crise diplomatique

Il n’y aura pas de décision ferme puisque la communauté internationale s’attend, avec une certaine patience, à ce que les Malgaches eux-mêmes la prennent. Face à ce signe de faiblesse, les putschistes qui dirigent le pays depuis 4 ans tentent de « confisquer le choix du peuple » en portant la même accusation à « ces étrangers soucieux de leurs intérêts dans le pays ».

Le droit du peuple malgache à choisir leurs dirigeants confisqué depuis 4 ans

Andry Rajoelina et ses partisans ont porté le débat sur le plan d’un faux patriotisme qui vise à s’accrocher à un pouvoir illégal et illégitime ainsi que la prétendue souveraineté nationale. « Ne confisquez pas le droit des Malgaches à choisir leurs dirigeants », avait-il déclaré, inconscient que c’est ce qu’il a fait depuis 4 ans.

Le coup d’Etat de 2009 a été suivi paradoxalement par des mini putschs dont l’auteur est celui qui est au pouvoir. Andry Rajoelina utilise l’armée comme arme de dissuasion et se base sur des lois aussi injustes qu’illégales pour écarter des adversaires et même des alliés devenus trop objectifs ou ambitieux.

Ces manœuvres maladroites et grossières pour étendre son pouvoir ont suscité un scepticisme général que l’homme fort de la transition a changé de stratégie. Il a mis ses habits de DJ – candidat pour jouer sur la carte de la popularité, entré dans une propagande électorale que lui seul est autorisé à faire, et dans une croisade contre la communauté internationale qui refuse sa candidature.

Pas de putschistes candidats

Pour rappel, la communauté internationale refuse de reconnaitre la candidature de Andry Rajoelina, non pas parce que ce dernier a une énième fois renié sa parole donnée aux Malgaches et au monde mais en raison du non-respect des lois et de la constitution de Madagascar. Il a déposé sa candidature au-delà de la date limite légale qui est un délai préfix. Sa demande aurait dû être irrecevable sans même un examen au fond.

Quand Andry Rajoelina fait n’importe quoi ou ne respecte pas sa parole, c’est toujours la faute des autres ! Cette fois-ci, le cerveau d’Ambohitsirohitra, Norbert Ratsirahonana, a justifié la violation de la loi électorale par le fait que la présidence a été informée d’avance de la décision de la Cour Electorale Spéciale d’accepter les candidatures de Lalao Ravalomanana, l’épouse du président en exil, et de l’ancien président Didier Ratsiraka. Depuis, la juridiction censée juger une élection libre et transparente a perdu toute sa crédibilité, même si elle a reconnu avoir pris une décision politique.

Le GIC-M essaie de réparer l’erreur fatale de la CES qui a provoqué une nouvelle crise dans la crise. Il doit convaincre Andry Rajoelina, Lalao Ravalomanana et Didier Ratsiraka de se retirer de la course. D’autres candidats sont dans le collimateur, en particulier ceux qui ont été associés au coup d’Etat de 2009 et qui ont été frappés par une sanction internationale virtuelle.

Les nouvelles sanctions datant de juin 2013 devraient être plus dissuasives, mais son application relève de la volonté de chaque pays de suivre ou non la recommandation du GIC-M. Il s’agit du gel des avoirs extérieurs et le refus de visa pour les personnalités qui constituent un facteur de blocage au processus électoral. Des pressions qui n’ont pas l’air d’impressionner Andry Rajoelina qui leur déclare une guerre diplomatique. Cet excès de populisme et violation de la loi et de l’éthique va finir à faire de Madagascar un petit Etat voyou.