jeudi , 28 mars 2024
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Béatrice Attalah a été lynchée médiatiquement, l’honneur bafoué, accusée d’avoir vendu le pays à la communauté internationale pour ne pas avoir inversé l’ordre des élections pour avantager les tenants actuels du pouvoir. Stoïque et restée droite dans ses bottes, la présidente de la Commission électorale a fait face. La question se pose toujours : a-t-elle perdu toute crédibilité comme le prétendent ses détracteurs frustrés ou au contraire, s’est-elle affirmée comme étant, « l’homme de la situation », pour mener à bout le processus électoral en 2013 ?

CENIT : Béatrice Attalah serait « l’homme » de la situation ?

C’est sans ménagement ni la moindre galanterie, avec une furie et une violence verbale qui rappellent la période trouble de 2009 que Andry Rajoelina et ses partisans se sont attaqués à la présidente de la CENIT. Béatrice Attalah a eu droit à un lynchage médiatique sur les médias publics ou pro-HAT pour ne pas avoir cédé aux caprices des TGV et consorts. Elle a été attaquée sur plusieurs fronts à commencer par le report des élections, mais ce n’était qu’un prétexte.

Le report n’a fait qu’augmenter la frustration des pro-Rajoelina : « si la CENIT a changé le calendrier, elle aurait dû inverser l’ordre des élections comme l’a proposé le président de la Transition ». Il faut dire que Andry Rajoelina a fait plus que proposer. Il a tenté de modifier unilatéralement les dates des élections, mais s’est heurté à l’étonnante résistante passive du premier ministre Beriziky.

Béatrice Attalah n’aurait donc pas défendu l’intérêt du peuple, dénonçaient les usurpateurs de la représentativité de la population. A la CENIT qui compte pourtant dans ses rangs des représentants des formations politiques, on a reproché d’avoir décidé de l’avenir de Madagascar en conclave avec les représentants de la communauté internationale. Bref, la commission électorale aurait dû défendre la cause du président de la transition au lieu de céder à la pression de la communauté internationale. La proposition de Rajoelina a été abordée, mais vite écartée faute de consensus sur l’opportunité d’inverser l’ordre des scrutins.

Ni la tentative de forcing pour une énième mesure unilatérale de changer le calendrier électoral à l’avantage des pro-Rajoelina, ni la menace de créer de troubles si la volonté présidentielle n’est pas réalisée n’a rien changé. Beatrice Attalah était devenu « l’homme à abattre », mais c’était sans compter sur le soutien d’une partie de la classe politique soucieuse d’une élection libre et juste et de la communauté internationale. Les Etats-Unis en première ligne ont défendu la CENIT estimant que le pouvoir de transition n’a pas à dicter le calendrier électoral en fonction de sa préférence. La COI a défendu une décision purement technique pour disposer du temps nécessaire pour finaliser le processus électoral.

Le calme après la tempête, la CENIT peut travailler pour réaliser le nouveau calendrier électoral. Les opérations de recensement vont continuer jusqu’au 28 avril 2013. La Commission électorale se donne jusqu’au 5 juin pour saisir les données. La liste électorale sera close le 8 juillet 2013. L’opération carte d’identité nationale va reprendre alors que le ministère de l’Intérieur conteste le nombre de 800 000 électeurs qui n’ont toujours pas de pièce d’identité qu’il estime surévalué. Depuis le retrait forcé du candidat Rajoelina, les pays et organisations impliqués dans le PACEM ont moins d’appréhension pour injecter des fonds dans le basket fund.

Béatrice Attalah appelle à l’apaisement après avoir affirmé que le report des élections a été motivé par des raisons techniques. Elle rappelle toutefois l’urgence de l’adoption de toutes les lois et règlementations relatives aux scrutins. L’épineuse question de l’amnistie est évoquée, la CENIT souhaitant qu’elle soit effective avant l’arrêtage de la liste électorale. Cela veut dire que certains candidats déclarés seront écartés pour les présidentielles s’ils ne sont pas amnistiés avant le 23 avril 2013.