La bataille juridique qui animait le tribunal administratif d’Antananarivo a entretenu un semblant de suspens. Lalao Ravalomanana est officiellement élue maire de la capitale. L’épouse de l’ancien président pourra gouverner sans craindre une opposition féroce au sein du futur Conseil municipal, tant elle a une majorité écrasante. A Fianarantsoa, Christine Razanamahasoa a été dépouillée de sa victoire au profit de la candidate du HVM, le parti du pouvoir qui n’a pas pu subtiliser d’autres grandes villes passées sous le contrôle du MAPAR.
Ce qui allait se passer à Fianarantsoa a créé une certaine tension chez les candidats qui ont été déclarés vainqueurs par la CENIT. Ce n’était en effet que des résultats provisoires suspendus au verdict du Tribunal administratif compétent. Les résultats de trois bureaux de vote disparus n’ont jamais été retrouvés pour la malheureuse Christine Razanamahasoa. Le Tribunal administratif a donc confirmé l’étrange résultat partiel publié par la CENIT locale et n’a pas pris en compte toutes les plaintes des autres candidats qui ont uni leur force pour faire obstacle au HVM.
Le cas de Fianarantsoa n’a pas pour autant fait tâche d’huile. Même Elysée Ratsiraka largement vainqueur à Toamasina avait retenu son souffle. Grâce à sa large victoire, le frère de l’ancien président était moins inquiété que les autres vainqueurs du MAPAR à Mahajanga et Antsiranana. Le candidat du TIM qui a triomphé à Ivato a été un temps ébranlé par une rumeur sur le refus du régime en place de céder le « portail » du pays au parti de Marc Ravalomanana qui a déjà reconquis la capitale. Le journaliste Penjy Randrianarisoa est bien le nouveau maire de la commune d’Ivato réunifiée.
La grande gagnante de ces communales est sans conteste Lalao Ravalomanana. « Neny » est élue maire d’Antananarivo dans un fauteuil. Elle n’aura pas à partager le pouvoir ni à s’inquiéter des actions de ses opposants au sein du conseil municipal. Avec 31 conseillers sur 55, le TIM peut gouverner tranquillement. L’association Freedom de Lalatiana Rakotondrazafy sort avec les honneurs, ayant obtenu 17 sièges. Ce qui est loin de satisfaire la journaliste de Free-FM qui entend épuiser les recours pour casser le verdict du Tribunal administratif. La chance d’aboutir est quasiment nulle puisque les résultats officiels une fois proclamés sont irrévocables.
Des élections partielles en vue
Les différentes interprétations des textes par les différents tribunaux administratifs du pays laissent perplexes les observateurs. La compétence de la juridiction sur certains points évoqués dans les requêtes des candidats est à l’appréciation des juges. Dans la région Analamanga, quelque neuf bureaux de vote ont vu leurs résultats annulés. Le scrutin sera réorganisé dans deux communes. Le président du CENIT est resté évasif sur l’organisation de ces élections partielles à l’heure où la mise en place d’une nouvelle Commission électorale est débattue sur la place publique. Est-ce qu’il faudra attendre que toutes les communes aient leur nouveau maire pour passer aux autres élections ? Le débat est ouvert.
Les communales de 2015 ont permis au HVM d’obtenir enfin une légitimité électorale. Le parti du pouvoir a certes court-circuité le processus électoral en reportant le scrutin d’une année. Il a mis à profit une longue campagne de propagande alors que les autres partis ne pouvaient pas faire autant, en particulier sur l’audiovisuel public. Le parti a surtout pris le temps nécessaire pour s’implanter dans tous les pays et enrôler les responsables et les fonctionnaires locaux pour se porter candidat ou défendre le candidat du pouvoir. Avec près de 900 maires sur 1500, on peut dire que le pari est gagné. La défaite dans les grandes villes relativise toutefois la performance du HVM. Seul Tuléar a voté pour le régime. Fianarantsoa l’a presque fait, mais c’est le résultat qui compte surtout quand ce dernier est enfin officiel.
A. Herizo