mardi , 23 avril 2024
enfrit
Le chef de l’autorité de la transition a été piégé par ses partisans qui ont voté à mains levées la destitution des maires élus dans le cadre de leur conférence nationale. Après avoir tergiversé sur la faisabilité de ce mini coup d’Etat décentralisé, Andry Rajoelina a opté pour des élections communales anticipées. Cette décision qui remet en cause le fondement légal des élections enlève la crédibilité de la HAT et de sa CENI dans l’organisation d’un scrutin démocratique.

Elections communales anticipées : aucun fondement légal

L’autorité de la transition est bien le patron de la Commission électorale qu’elle a mise en place de manière « unilatérale ». Sans surprise, la CENI s’exécute et applaudit la décision prise en conseil des ministres pour annoncer les élections communales anticipées le 20 décembre 2010 et sans attendre un jour de plus la convocation des électeurs. Elle sacrifie sa crédibilité en ne s’opposant pas à une machination politique qui viole la loi électorale, à savoir l’interdiction de l’organisation d’un scrutin durant la saison de pluie.

La CENI accorde donc une dérogation à l’autorité qui l’a nommée pour que cette dernière puisse satisfaire ses partisans. Une exception qui a pour motif, le caractère exceptionnel et urgent de la situation politique. La précipitation de la HAT et de la CENI les pousse à violer leur propre loi électorale. L’autorité de fait affirmait que l’organisation d’un scrutin durant la saison de pluie facilitait les fraudes électorales. Le choix du 20 décembre 2010 est donc tout simplement illégal.

Les trois mouvances critiquent cette violation délibérée de la loi. L’ancien député TIM Zafilahy déplore l’absence de base légale de ces communales anticipées. En effet, le référendum constitutionnel aura lieu en novembre. Ce qui veut dire que la convocation des électeurs pour tout mandat électif devrait avoir lieu après la promulgation de la nouvelle Constitution. La HAT ne devrait alors organiser une élection avant le 01er mars 2011, soit 90 jours après une convocation des électeurs légalement faisable seulement le 01 décembre 2010. Et encore, la saison de pluie ne se termine que le 15 avril.

Seulement, le temps est compté pour Andry Rajoelina qui voit se retourner contre lui la stratégie de la montre. Il s’est engagé à conduire la transition au plus tard jusqu’en mars 2011, et a même lancé le défi de mettre en place les institutions avant fin 2010. Ce qui était logique puisque le premier trimestre est incompatible avec l’organisation des élections en raison de la saison de pluies. Le chef de l’autorité ne peut cependant écouter la voie de la raison et aller contre la volonté de ses partisans lors de la conférence nationale.

Bien sûr, cette décision « illégale » n’a pas été prise par le seul Andry Rajoelina. Il dit avoir consulté le Raimandreny Mijoro et les politiciens. Pour satisfaire les partisans TGV qui veulent la place des maires élus, il prend l’option de l’élection anticipée au mépris de la loi électorale et du mandat électif de ces élus. Pour Hery Raharisaina de la mouvance Ravalomanana, cette élection surprise est un mépris total du choix du peuple qui a élu des maires pour un mandat. L’éviction des maires est censée éliminer les dernières influences du parti TIM sur les élections.