jeudi , 18 avril 2024
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La nouvelle révolution égyptienne est une leçon pour les Malgaches qui ne peuvent plus compter sur leur armée depuis que cette dernière est commandée par des officiers supérieurs partisans d’un président non élu démocratiquement. Bien que toutes les mouvances politiques prétendent avoir des hommes au sein des forces armées, le commandement est bel et bien aux maisons de Andry Rajoelina.

Forces armées : la solution en Egypte, le problème à Madagascar

Depuis le coup d’Etat militaro-civil de 2009, le « pacte » entre Andry Rajoelina et ses chefs militaires qui défendent leurs intérêts communs est toujours appliqué. Le supposé chef suprême des armées avait promis que tous les postes de commandement seraient préservés tant qu’il sera à la tête de la transition. Pour une fois, il a tenu sa promesse et son engagement. Mieux encore, les plus actifs pour conserver le pouvoir et mâter l’opposition ont été promus en grade et en fonction. Les plus fidèles mais fautifs ont été affectés à un poste créé de toutes pièces pour servir de « garage doré ». Par contre, c’est la prison haute sécurité pour les officiers et soldats qui ont refusé la connivence.

Un Etat-major mixte comme force de dissuasion

Faut-il s’attendre encore à ce que l’armée se repositionne comme étant le dernier rempart de la république. Même si la répression a cessé vu que les opposants n’osent plus manifester dans la rue, l’intimidation est toujours là. Andry Rajoelina a été contraint de ne plus mettre sur le devant de la scène sa force spéciale issue du coup d’Etat de 2009. C’est donc l’Emmo Reg et l’Emmo Nat qui ont pour mission de protéger le pouvoir et de dissuader les opposants. Le premier ciblé est toujours le président en exil Marc Ravalomanana.

Au matin du jour où le président Ravalomanana devait rentrer au pays afin de participer à la conférence au sommet pour la réconciliation et la résolution de la crise, l’Emmo Reg a fait une manœuvre d’intimidation à l’aéroport d’Ivato, prétendant faire un exercice d’arrestation d’un passager. En même temps, les chefs des armées étaient en réunion avec le premier ministre et ont obtenu de ce dernier un NOTAM contre Marc Ravalomanana. L’armée pro-Rajoelina reste le facteur majeur de trouble si le président en exil revenait au pays.

Pas de salut pour la démocratie

Après la violation répétée des lois et le non-respect de ses engagements par Andry Rajoelina, son armée a toujours été derrière lui. Elle s’est montrée menaçante quand la Cour électorale spéciale allait annoncer la candidature-surprise du chef de la transition au mépris de la loi. Elle a tenté de soigner en image en imposant un huis clos aux acteurs politiques pour trouver une solution à la crise. Le constat est amer. L’armée malgache ne peut plus assumer un rôle d’arbitre et le salut du pays ne passera pas par elle. Elle est ouvertement intéressée et partisane. Les forces de l’ordre ne pourraient même pas assurer la sécurisation des élections si la CENIT ne leur obtient pas des moyens financiers vertigineux auprès des bailleurs de fonds.

Cette armée politisée songe sérieusement à reprendre le pouvoir si leur poulain ou leur illégitime chef suprême venait à quitter le pouvoir. La mise en place d’une Haute Autorité Militaire de la Transition est étudiée depuis la crise préélectorale en mai 2013. L’armée se prépare à différents scénarios sur les moyens de prendre le pouvoir et de le garder. Elle devrait suspendre la feuille de route signée en 2011 mais rien n’est moins sûr pour ce qui est de la constitution de la république personnelle de Rajoelina appliquée quand cela arrange le pouvoir transitoire depuis 2010.