samedi , 20 avril 2024
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Montrée du doigt, la commission électorale mise en place par la HAT clame sa neutralité et son indépendance vis-à-vis de l’autorité de fait. Le président Hery Rakotomanana reconnaît l’incapacité de cette commission à prendre en main seule l’organisation d’une élection. Il affirme toutefois garder le leadership de l’opération même si l’intervention de l’Etat est incontournable.

Hery Rakotomanana plaide encore pour l’indépendance de la CENI

L’Etat ne peut être écarté de l’organisation des élections. Le constat est de Hery Rakotomanana, président de la Commission électorale nationale indépendante ou CENI. Ce qui ne risque pas de chasser les doutes sur la neutralité de cet organe et de la sincérité des premières élections qui se préparent. Le président de la commission électorale tente de convaincre. « Une élection est une affaire publique, les citoyens votent, la CENI assure le leadership, l’Etat apporte son appui », a-t-il résumé.

Selon Hery Rakotomanana, l’Etat est incontournable car il fournit le budget pour l’organisation des élections. « Toutes les actions de l’Etat sont sous contrôle de la CENI », essaie-t-il de relativiser. « Il y a un débat sur l’arrêté de la CENI sur l’appui de l’Etat dans l’organisation des élections », reconnaît-il avant de trancher : « l’implication du Ministère de l’Intérieure n’est qu’une aide ».

L’avocat de métier plaide pour la cause de la commission et de l’Etat qui l’a mise en place. Il explique que le code électoral et l’ordonnance portant création de la commission électorale prévoit que si la CENI n’est pas totalement opérationnelle, le ministère de l’Intérieur apporte son appui. « La CENI est en période transitoire, elle a été mise en place en mars 2010, les législateurs ont prévu que le ministère de l’Intérieur vienne en aide à la commission ». 
 
« La CENI est totalement indépendante, la coopération avec les districts a toujours existé ». Une vingtaine de districts n’ont pas de représentants de la CENI officiellement à cause de leur inaccessibilité. « Il y a des districts qui sont totalement inaccessibles à Madagascar, par exemple Midongy du Sud, explique Hery Rakotomanana. Dans les districts accessibles, l’identification des représentants de la CENI est faite ».

Le président de la CENI affirme que la commission peut assumer entièrement l’organisation des élections et la publication des résultats, malgré l’aide de l’Etat. Il rapporte que les préparatifs des élections sont prêts sur les points des textes à appliquer et du logistique électoral. L’intervention de l’Etat se limite par ailleurs aux préparatifs car la CENI assure le dépouillement des votes et la publication des résultats. Hery Rakotomanana de souligner qu’il y a des missions autour des élections pour lesquelles l’intervention de l’Etat est incontournable. « Si je ne parle que de la sécurisation des élections, la CENI peut-elle assurer sa propre protection », se justifie Me Rakotomanana. 

L’indépendance de la CENI reste donc à démontrer. Pour l’heure, le scepticisme est de mise quant à la capacité réelle de la commission à organiser une élection libre et transparente. Est-ce que les résultats dans les 20 districts sur 119 contrôlés par l’Etat peuvent-ils ou non faire basculer une élection ou un référendum. Quand Hery Rakotomanana clame que les dirigeants actuels n’ont jamais interféré dans les affaires de la CENI, le doute est permis tant que la commission ne peut fonctionner de manière… indépendante.