jeudi , 28 mars 2024
enfrit
Après l’échec d’un plan B issu d’un atelier de consensus élargi, suivi d’un accord politique stérile, la conférence nationale qui a réuni en grand nombre les TGV et leurs partisans ont validé le plan de sortie de crise de la HAT. Comme prévu, une transition bis et une constitution taillée pour Andry Rajoelina prépare le terrain pour une 4ème république populiste.

La conférence nationale des TGV valide le « plan D » de Rajoelina

Andry Rajoelina avait dévoilé par inadvertance lors d’un entretien organisé avec des journalistes que la présidence de la HAT avait déjà une proposition de Constitution rédigée par d’éminents juristes. En tout cas, les points clés des dispositions constitutionnelles adoptées au Centre de conférence internationale d’Ivato sont faits pour être une rampe de lancement aux actuels tenants du pouvoir.

Même s’il a réitéré ne pas vouloir se présenter à la prochaine présidentielle, assuré d’avoir écarté le dernier président élu Marc Ravalomanana, Andry Rajoelina n’est pas à son premier revirement. On ne s’étonnera pas si le jeune chef de l’autorité de fait s’aligne finalement, avec un prétexte qu’il a déjà utilisé auparavant pour refuser d’appliquer les accords qu’il vient de signer : à la demande du « peuple » TGV.

Comme prévu, la Constitution adoptée à la conférence nationale dont la HAT n’est que le commanditaire des organisateurs, permet à Andry Rajoelina d’être éligible. Les électeurs TGV en forte majorité dans la commission l’ont voté. Le président de la République étant considéré comme un « Raiamandreny », l’âge requis pour être présidentiable a toujours été de 40 ans. Ce que la communauté internationale a redouté lors du coup d’Etat militaro-civil de 2009 est donc arrivé : le maire d’Antananarivo va changer la Constitution pour pouvoir se présenter.

Difficile dans ces conditions d’espérer une reconnaissance internationale après des élections organisées unilatéralement sans être passé par une transition consensuelle et inclusive. Le président élu à la prochaine élection présidentielle, qui sera probablement issu de la mouvance Rajoelina risque de rencontrer d’autres épreuves diplomatiques. Pour limiter l’importance accordée à un président non reconnu, la Constitution TGV propose un régime mixte, ni présidentiel ni parlementaire pour avoir l’air plus démocratique.

La prudence est de mise pour le jeune parti qui n’a pas encore une base électorale réelle à part des partisans qui ont profité du passage du train. Il est donc impératif pour la mouvance Rajoelina d’étendre l’influence de l’omnipotent chef de l’autorité dans les communes. Pour la suite de la transition, le TGV veut prendre le pouvoir en commettant un coup d’Etat décentralisé et généralisé : les maires élus seront remplacés par des présidents de la délégation spéciale, a décidé la conférence nationale.

Les participants à la conférence d’Ivato ne reconnaissent pas le premier ministre Camille Vital comme étant celui du consensus. Le gouvernement de cette transition bis sera inclusif et consensuel mais avec les partis politiques ayant participé à l’accord avec la HAT. Le nouveau premier ministre sera un « côtier » et ne fait pas partie de la mouvance Rajoelina. Il proposera des ministres issus des partis de la mouvance Rajoelina élargie. Ces ministres seront limogés s’ils s’avèrent incompétent préconise la conférence.

Pour les autres institutions, la conférence nationale de la HAT impose ce qui a déjà été décidé dans l’accord politique. L’autorité de fait mise sur les transfuges des trois mouvances dont un Raharinaivo Andrianantoandro à la tête de l’Assemblée nationale de la transition. Les faux sénateurs de la HAT n’auront plus à cautionner tout à l’unanimité grâce à l’élargissement du futur Conseil supérieur de la transition. La HCC qui a jusqu’ici n’a rien trouvé d’anticonstitutionnel aux agissements de l’autorité de fait sera maintenue. Nul besoin de mettre quelqu’un d’autre comme nommer un ancien sénateur AVI à la tête du Conseil d’Etat pour stopper les plaintes contre la HAT.