vendredi , 29 mars 2024
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Le dossier du 07 février est au cœur d’un débat de propagande. Accusés et mis devant leurs responsabilités par l’ancien président Zafy, les « putschistes» au pouvoir ont répliqué par un rappel des faits sur les chaînes de télévision publiques et privées dévouées à la HAT. Histoire de rappeler la version supposée vraie d’un fait douloureux qui n’a pas livré tous ses secrets.

La lumière n’est pas entière sur la tuerie programmée du 07 février 2009

Le 07 février 2009, 36 personnes sont tuées par balles devant le palais présidentiel à Ambohitsorohitra. Il y aurait une cinquantaine d’autres qui sont portées disparues. C’est tout ce que la HAT veut que l’on se souvienne. Deux ans après le sacrifice de ses militants qui l’ont porté au pouvoir, l’autorité de fait gratifie l’association des victimes, une branche officieuse du TGV, d’une reconnaissance politique. L’AV7 sera représentée au congrès de la HAT. 

Ce 07 février 2009 là, le maire d’Antananarivo avait ordonné la prise du palais présidentiel pour que son gouvernement insurrectionnel puisse siéger dans un bâtiment officiel. La commune urbaine était déjà un petit Etat dans l’Etat. Le prétexte de ce coup d’Etat symbolique était simple. Le maire autoproclamé président puisqu’on a fermé sa chaîne de télévision a le droit de prendre un bâtiment qui est un patrimoine de la commune. C’est le premier ministre de la place du 13 mai Monja Roindefo qui est chargé de prendre le palais.

Arrivé à Ambohitsorohitra, la foule était arrêtée par les forces de l’ordre. Une délégation composée de futurs membres de la HAT a pu négocier avec les gardes postés au palais. « On ne peut pas avancer car ils vont tirer si on le fait »,  s’emporte le fervent militant TGV. La sommation a été claire. Ce qui était dénoncé avant les faits par Manandafy Rakotonirina arriva : « ils essaient de faire de victimes pour salir la réputation du régime en place ». Bien sûr, des personnes parmi ces « négociateurs » ont encouragé la foule à prendre d’assaut le palais. Le bain de sang pouvait enfin avoir lieu.

Un rapport officiel a fait état de 18 balles tirées à partir du palais présidentiel. Ceux qui sont tombés à quelques mètres du portail n’ont pas été nombreux. Les tirs ricochaient sur le bitume. Ce sont les tireurs postés en hauteur qui ont fait plus de victimes. Qui sont-ils ? A quel camp, politique bien sûr, appartiennent-ils ? La question reste entière. Le motif du crime donne en effet un avantage politique certain.

Le dossier 07 février a été jugé. Des responsables de la sécurité présidentielle et les militaires présents le jour du drame ont été déclarés coupables. Certains purgent des peines d’emprisonnement à perpétuité. La HAT en a profité pour rendre « non amnistiable »  le président Ravalomanana. La première accusation sur l’achat de l’avion présidentiel était un peu légère discréditant plus la HAT que l’accusé.

Le procès très politique du dossier 07 février n’a pas tiré au clair cette page de l’histoire qui a été écrite volontairement. Les commanditaires de cette tuerie se trouvent-ils du côté du palais présidentiel où un général tient position pour défendre un bâtiment officiel et empêché un coup d’Etat, ou plutôt du côté des manifestants poussés par des politiciens venus prendre le pouvoir en s’emparant d’un bâtiment symbolique.