jeudi , 25 avril 2024
enfrit
Madagascar est parmi les pays qui disposent du plus grand nombre de radio privée sur le continent africain et dans la région Océan Indien. Après 17 ans d’existence, la radio privée malgache se cherche toujours.

La radio privée malgache en quête d’identité

L’on peut se demander, aujourd’hui, si la radio privée malgache n’est pas à la croisée des chemins. Madagascar compte actuellement un peu plus de 250 stations de radio privée. Elles sont éparpillées dans les différentes régions du pays. La capitale, Antananarivo, elle, en compte environ une trentaine. Ce chiffre est assez impressionnant. La Grande Ile figure en effet parmi les pays qui comptent le plus grand nombre de stations de radio en Afrique. Dans le même peloton se trouve actuellement le Mali. C’est sans doute à juste titre que le ministère de la communication, des postes et des télécommunications a gelé la délivrance de licence pour l’ouverture d’une nouvelle radio.

D’une manière générale, la liberté de ton est exemplaire sur les ondes malgaches. Quoique, des situations extrêmes conduisent souvent les autorités publiques à prendre des décisions drastiques comme la fermeture de trois stations privées à Toamasina en 2005 ou encore l’interdiction de l’émission Karajia, qui ouvre l’antenne à des interventions téléphoniques tous les matins, sur la radio d’obédience catholique RDB.

A l’image de la naissance de la radio privée malgache, la plupart des stations existantes appartiennent à des entités politiques ou à des élus. En effet, la radio privée malgache est née au cours du mouvement populaire de 1991 qui visait la destitution du président Didier Ratsiraka. Les meneurs de grève ont décidé à l’époque la création d’une radio « pirate » dénommé RFV (Radio Feon’ny Vahoaka, ce qui signifie La Voix du peuple). Quelques temps après, Didier Ratsiraka lui-même, en réplique, a également instigué la création d’une deuxième radio, la RTV (Radio Tsioka Vao, ou Le vent nouveau). La ligne éditoriale de la RTV a été naturellement aux antipodes de celle de la RFV.

Les conditions de travail, depuis longtemps, sont souvent très précaires au niveau des stations de radio privée, où, dans certains cas, les employés travaillent à titre bénévole. Ce qui ne contribue pas nécessairement à la qualité des émissions. Cependant, la rentabilisation d’une station de radio privée est tellement difficile que les propriétaires se trouvent souvent empêtrés dans un cercle vicieux. Dans la plupart des cas, en effet, les revenus de la station ne permettent même pas de couvrir toutes les dépenses, à tel point que le recours à des subventions sont nécessaires. Un certain nombre de stations ont dû ainsi mettre la clé sous la porte, faute de ressources suffisantes.