jeudi , 25 avril 2024
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La gestion de l’arrivée surprise de Lalao Ravalomanana a montré que la présidence de la HAT est prête à tout. Brutalisées à l’aéroport d’Ivato, amenées manu militari et sans ménagement par des policiers avant d’être introduites de force dans le premier avion, sans visa, l’épouse du président en exil et de sa bru Guergena présent-elles réellement un danger pour Andry Rajoelina et son régime de plus en plus totalitaire.

Lalao Ravalomanana : la HAT réagit violemment par instinct de survie

De retour de Seychelles, Andry Rajoelina a déclaré que « ce n’est plus le temps de montrer la force, mais c’est le temps de montrer la sagesse ». Quasiment le lendemain, la HAT montre sa force contre Lalao Ravalomanana et démontre qu’elle ne peut agir avec sagesse. « Je viens pour la réconciliation » a pourtant déclaré l’épouse du président en exil. La réponse a été sèche, brutale et disproportionnée, mais le message est clair : pas de réconciliation

Enjeu politique

« Mon  voyage n’a rien à voir à la politique », a pu dire aux journalistes Lalao Ravalomanana. Sur le plan légal, l’épouse du président en exil a tout à fait le droit de rentrer au pays, sans même évoquer la feuille de route qui préconise le retour de tous les exilés politiques. Si la HAT parle de provocation, c’est qu’elle n’a pas permis ce qu’elle ne peut interdire. Elle se sent déjà affaiblie par le retour au pays de Tojo Ravalomanana.

L’enjeu  est politique. Un retour prématuré de Lalao Ravalomanana risquerait de faciliter celui de son mari. La mouvance Rajoelina qui a voté une loi électorale contre Marc Ravalomanana essaie de l’empêcher de rentrer au pays avant la proclamation des dates des élections. Il ne pourra pas ainsi être éligible, car n’a pas résidé à Madagascar au moins 06 mois avant le dépôt de candidature. Cette attitude démontre que la HAT n’a plus confiance en son premier plan qui a été de condamner par des procès ouvertement politiques l’ancien président.

Une arrivée discrète pour satisfaire la HAT

Le vendredi 27 juillet 2012, la HAT a été prise de court. Elle n’aurait pas été mise au courant du retour au pays de madame Lalao Ravalomanana. Et pour cause, l’épouse de l’ancien président a voyagé sous son nom de jeune fille, celui qui figure sur son passeport. La HAT a vu rouge quand l’ex-première dame a débarqué à Ivato. A-t-elle caché son identité ? Me Hanitra Razafimanatsoa n’est pas de cet avis. 

Madame Lalao Ravalomanana a été inscrite sur la liste du passager sous son nom de jeune fille Rakotonirainy, rapporte l’avocate de la famille Ravalomanana. Il n’y a aucune raison qui l’empêcherait de faire ainsi, a-t-elle déclaré. « Comme ils nous ont dit de ne pas faire venir la foule à l’aéroport, de ne pas communiquer sur une arrivée d’une personnalité et de ne pas convoquer la presse, nous avons respecté tout cela », se justifie la membre du CST.

Pour la HAT, c’est un fait accompli impardonnable. Comme Andry Rajoelina a conquis et construit son pouvoir avec des étapes ponctuées de faits accomplis, la paranoïa est compréhensible. Ambohitsorohitra n’a pas eu le temps de réfléchir face à la grosse bévue de la Direction de la Surveillance du Territoire.

Un acte irréfléchi d’un pouvoir aux abois

On pourrait regretter le commissaire Nakany qui faisait du moindre fait divers un complot ou un projet de coup d’Etat contre Andry Rajoelina. La solution trouvée est tout simplement irréfléchie : l’expulsion par le premier avion. Comment se fait-il que la DST qui travaille à plein temps pour la HAT ignore-t-elle le nom de jeune fille d’une personne officiellement indésirable ?

Et si la personne en question n’a été indésirable que lorsque la HAT a réalisé l’enjeu et le danger qu’elle représente politiquement. Sans une foule de partisans, l’ex-première dame a eu un comité d’accueil de premier choix, dont des membres des institutions de la transition. Après un Notam contre monsieur Ravalomanana le 21 janvier 2012, c’est un ordre d’expulsion et de refoulement qui a été donné par la HAT contre madame.

Si les forces de l’ordre à la solde de la HAT ont fait leur travail en traitant avec brutalité et irrespect les deux femmes qui portent le nom de Ravalomanana par leur époux respectif, Air Madagascar a été mis dans l’embarras. La compagnie nationale a dû embarquer deux passagers sans visa et se trouve complice d’une violation certaine des droits de l’homme. Les deux femmes ont été jetées dans l’avion vers une destination totalement imprévue, sans bagages et sans argent, selon Me Razafimanantsoa.