mercredi , 24 avril 2024
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24 juillet 2013 devait être un jour d’élection pour élire enfin un président de la République, plus de 4 ans après un coup d’Etat à Madagascar. Point d’élection. La date sera marquée par l’emprisonnement du candidat et opposant Laza Razafiarison pour avoir manifesté contre le régime et réclamé la tenue des élections. Il a été placé sous mandat de dépôt avec 7 de ses partisans pour perturbation de l’ordre public. C’est en effet un perturbateur politique qui menaçait le pouvoir en place.

Le candidat Laza Razafiarison emprisonné pour avoir défié Andry Rajoelina et son armée

Laza Razafiarison, candidat à l’élection présidentielle et opposant au régime illégitime de la transition méritait-il d’être trainé à même le sol par le pied, la tête rasant le bitume, déchaussé, malmené et battu par les éléments cagoulés du groupe d’intervention spéciale de la gendarmerie ? Cela parce que son parti Avotra Ho an’ny Firenena ou Le Salut pour la Nation n’a réuni que 300 manifestants à Analakely ?

Répression violente

Une démonstration de force gratuite, violente, excessive et stupidement dépourvu de professionnalisme des forces de l’ordre toujours en connivence avec le chef de la transition a montré au grand jour l’inexistence de la liberté d’expression et la répression systématique de toute voix discordante ou critique. « Ils ont tenté de faire de la résistance et il a fallu procéder à l’arrestation très vite, autrement la situation aurait pu dégénérer », s’est justifié le colonel Rakotomahamina Florens, commandant de la Gendarmerie d’Antananarivo. Il a affirmé que les éléments des forces de l’ordre armés de fusil d’assaut n’ont pas tiré alors que la militante blessée par balle au pied a affirmé le contraire.

« On a vu l’expression de la force de répression ; ce sont des hommes s’ils peuvent arrêter notre lutte, a déclaré Emile Razafimanantany, le président du parti Avotra Ho an’ny Firenena, excédé par l’arrestation violente et humiliante de leur candidat à la présidentielle. On n’a pas peur de ce pouvoir illégitime, la guerre est déclarée entre Andry Rajoelina et le Avotra Ho an’ny firenena ».

Avotra Ho an’ny Firenena, c’est ce petit parti aux grandes idées qui a décidé d’occuper le devant de la scène médiatique ces trois dernières années. Il n’a pas assez de poids ni de connivence avec qui que ce soit pour être invité à la signature d’une feuille de route. Avant tout, le parti est dans l’opposition puisqu’il a, souvent par la voix de son secrétaire général Laza Razafiarison, éclairé l’opinion sur l’illégitimité et l’illégalité du pouvoir du président de la transition Andry Rajoelina et sur les dessous de la vie politique qui enfonce le pays dans la crise. Il défend la cause des citoyens que le régime transitoire a appauvris et privé de leurs droits. Le Avotra Ho an’ny Firenena était déjà dans le collimateur du pouvoir et de sa force de répression.

Un discours très engagé

Les manifestations réprimées des 22 et 23 juillet avaient une légitimité sans faille puisqu’un candidat à la présidence de la République réclamait la tenue des élections dont le premier tour devait avoir le lieu le 24 juillet 2013. « Il n’y a qu’une solution et c’est la tenue au plus vite des élections » avait martelé Laza Razafiarison. « Le peuple se meurt, affamé », « nous n’avons pas besoin d’un dirigeant menteur », « nous n’avons pas besoin d’un dirigeant qui n’a pas été élu »… le message n’a pas dû plaire en haut lieu. Il fait dire que le Avotra Ho an’ny Firenena s’est attaqué de plus en plus directement à Andry Rajoelina, un putschiste qui devrait être renversé parce qu’il fait obstacle à la tenue des élections.

Laza Razafiarison est considéré comme « le candidat qui ose ». Il a appelé les citoyens à manifester leurs idées. « Nous peuples et citoyens, n’ayons pas peur, allons sauver notre nation », avait-il déclaré avant de hausser le ton en faisant allusion au pouvoir de transition. « Il faut que la démocratie soit appliquée, n’acceptons pas les fermetures de stations audiovisuelles… refusons la corruption, refusons les obstacles qu’on met à ce pays, refusons la violation des droits de l’homme… »

En face, les forces armées du chef de la transition veillent pour faire taire une telle aspiration démocratique. Laza Razafiarison va croupir en prison, avec ses idées et ses convictions. Le tribunal a toujours eu la main lourde contre ceux qui ont critiqué Andry Rajoelina et son entourage. Entre un verdict clément pour l’apaisement et un verdict d’avertissement pour les autres candidats et opposants, une fois encore, on aura un jugement très politique.