vendredi , 29 mars 2024
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Et voilà que les bombes artisanales réapparaissent. La voiture blindée qui avait à son bord le président de l’autorité de facto a été la cible d’un attentat à la bombe. L’impact est minime mais devraient être au maximum sur le plan politique. La charge avait de quoi égratigner la peinture de la voiture. Le scénario d’une tentative d’assassinat est revendiqué par la HAT et ses partisans. A qui profite… le film ?

Le film de la semaine : un attentat contre la peinture de la voiture présidentielle de la HAT

La bombe artisanale qui a explosé au passage de la voiture du président de la HAT était loin, très loin de pouvoir causer quelconque dommage encore moins faire de blessés aux passagers. Les témoignages ne permettent pas d’avoir une idée précise. D’abord, la détonation ressemble à celui d’un pneu qui explose. Ensuite, le souffle a soulevé la voiture présidentielle qui est particulièrement lourde en raison du blindage. L’engin était disposé prêts de la glissière de sécurité et a endommagé une… pierre. Il a été amorcé par une commande reliée à un fil au passage de la voiture cible près du ralentisseur.

La mise en scène semble parfaite. La bombe a explosé et a atteint son objectif : elle a été entendue et fera beaucoup parler. La mise en scène de la constatation des faits par les autorités relevait du burlesque. Il était évident que les éléments relevant du terrain importaient peu pour trouver les coupables. La prestation scénique du premier ministre et général Vital a fait sourire les téléspectateurs malgré le sérieux de la situation. Comment peut-on piétiner le lieu du forfait, toucher de ses propres mains des éléments de preuves.

Camille Vital a émis des hypothèses d’experts pour faire croire à une puissance extrême de la bombe artisanale. Il a sans doute vu dans des films ces héros qui tergiversent au moment de choisir entre les fils bleu et rouge. Son explication pseudo scientifique a été démentie par un enquêteur qui n’a pas joué le jeu. Le général Vital a toutefois été entendu quand il avait déploré le manque de précaution du service de sécurité de la HAT qui aurait dû selon lui sécuriser la route.

La première victime de l’affaire de la bombe qui aurait pu égratigner la peinture de la voiture présidentielle est le responsable de la sécurité. Le colonel Claude Razafimahatratra a été limogé. Pour conforter la thèse terroriste, la HAT nomme à sa place le colonel Julien Ravelonjanahary qui est un spécialiste de la lutte contre le terrorisme. Ce dernier a suivi des formations auprès de la GIGN français et a dirigé l’équivalent malgache GSIS. Le ministre de la Sécurité intérieure rappelle son caractère indispensable à la HAT et place désormais des policiers armés en piquet sur le trajet de la voiture d’Andry Rajoelina.

Le film du présumé attentat du Marais Masay est un plaidoyer pour une légitimité du chef de l’autorité. C’est un moyen de discréditer ses opposants, ces derniers pouvant se discréditer d’eux-mêmes par un tel forfait. L’histoire est apparue à une période où la mouvance Rajoelina intime les médiateurs de la SADC de faire signer la première version de la feuille de route qui fait de Andry Rajoelina le président qui a le plus de pouvoir au monde. Elle coïncide avec l’annonce de la création d’une vraie transition par Albert Zafy puisque l’illégal mandat transitoire de Rajoelina est terminé. La thèse d’une tentative d’assassinat n’est pas évidente par les faits, beaucoup moins que la récupération politique.