samedi , 20 avril 2024
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Même s’il n’a pas participé directement au coup d’Etat militaro-civil de 2009, le général Richard Ravalomanana a contribué grandement à maintenir Andry Rajoelina au pouvoir. Sa nomination en tant que commandant de la gendarmerie le confirme dans cette mission même si les failles de son prédécesseur à ce poste ne sont pas étrangères à un changement qui ne devait pas avoir lieu durant la transition.

Le général Richard Ravalomanana a profité des faux pas de son prédécesseur

L’alliance entre l’armée et Andry Rajoelina devait initialement maintenir les officiers supérieurs à leur poste de commandement durant la transition. Le ministre de la Défense, le chef de l’Etat-major de l’armée, les chefs de corps, le secrétaire d’Etat à la Gendarmerie, le commandant de la gendarmerie, les commandants des circonscriptions régionales de la gendarmerie… ils étaient assurés d’être en place tant que le président de la HAT l’est.

Le supposé meilleur de tous

Fier d’avoir fait l’école de guerre et pressé d’appliquer ce qu’il sait en termes de défense nationale et de sécurité, l’officiel qui se présente comme le plus légaliste et le plus érudit de tous fanfaronnait déjà sur sa capacité à résoudre le problème de l’insécurité dans le sud, si on veut bien lui confier la mission. Pas question d’affecter le grand défenseur du régime HAT à Tuléar. La solution est de le nommer au premier poste de commandement au niveau national.

La reconnaissance de l’extraordinaire compétence autoproclamée du général Richard Ravalomanana est-elle un désaveu pour son prédécesseur . Le général Bruno Razafindrakoto a payé de son poste les vies perdues de ses hommes tombés sous les balles du grand chef des voleurs de zébus, « le général » Remenabila. Le mot « incompétence » n’a pas été prononcé, mais l’inefficacité de l’ancien commandant de la gendarmerie a été reconnue.

Si le général Manakay, dont la mission dans le sud a été un fiasco, a été logiquement écarté, l’éviction du général Razafindrakoto a été une petite surprise. Pour la HAT, on reste dans la logique puisqu’on remplace un officier qui a contribué à la prise du pouvoir par un autre qui a permis de le conserver. Dans les coulisses de ce changement, il y a de sombres « affaires », business s’entend, relevant du proche du général Razafindrakoto et qui ont terni son image.

Les faux pas de la famille Razafindrakoto

Si tous les proches du pouvoir profitent de la transition pour s’enrichir, pourquoi doit-on s’en prendre à un général qui a fait beaucoup pour la HAT. D’après une source informée, un proche du plus gros gendarme de Madagascar aurait été appréhendé dans le cadre d’un trafic de carburant dans le nord du pays. Là, il n’y avait pas encore à en faire une affaire.

Tout a basculé quand le commandant de la gendarmerie a perdu l’estime de ses hommes, cela à cause de… sa femme. Cette dernière aurait en effet obligé toutes les femmes de gendarme à avoir une tenue identique. Les époux de celles-ci ont donc reçu l’ordre d’acheter 40 000 ariary de tissus, 2 m pour le haut et 2 m pour le bas.

Sauf que les tissus en question ne coûte pas 10 000 ariary le mètre, mais 10 000 fmg au marché. Cela signifie que chaque gendarme a contribué à hauteur de 30 000 ariary au bénéfice du détenteur de ce marché particulier de tissus. Même les stagiaires et les éléments célibataires ont dû en acheter  pour leur future épouse.  Des femmes de gendarmes s’en sont plaintes auprès des hautes instances, sans oublier de présenter l’échantillon du fameux tissu de la discorde.

En somme, le général Richard Ravalomanana a profité des déboires de son prédécesseur qui n’a pas tout perdu dans l’affaire. Le général Razafindrakoto est nommé dans un poste de « garage » sous contrôle de la présidence de la HAT et non jeté à la retraite.

Un message à Alain Ramaroson

Ce changement a aussi permis à Andry Rajoelina de désavouer l’autre faux général, le politicien Alain Ramaroson qui a accusé publiquement le général Richard Ravalomanana d’être impliqué dans les trafics de bois de rose et dans l’assassinat de sa nièce, la regrettée ministre de la population Nadine Ramaroson. Le président de la Commission Sécurité du Conseil supérieur de la transition a vu les 9 gendarmes détachés à son service retourner à la caserne, les 5 militaires restants devraient aussi être rappelés.

Coupable de s’en être pris au général Richard Ravalomanana, Alain Ramaroson risque de payer le prix fort s’il n’apporte pas les fameuses preuves devant le tribunal. Sa femme, Olga Vaomalala, risque d’être éjectée du gouvernement, et perdre le fauteuil de ministre de la population que cette grande et riche famille s’est approprié.