jeudi , 25 avril 2024
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Lettre de démission du PM, les langues se délient
L'ancien premier ministre Jean Ravelonarivo (Ph. Primature)

Lettre de démission du PM, les langues se délient

La présidence de la République a-t-elle fait une bourde en annonçant une démission qui n’a pas été signée par l’ancien premier ministre Jean Ravelonarivo. Oui et non. Cette fameuse lettre existerait bel et bien. Les autres candidats premier ministre peuvent en attester l’existence.

« Avant de se porter candidat au poste de chef du gouvernement, la présidence exige deux choses. Primo, le futur premier ministre doit s’engager à ne pas être candidat à la prochaine élection présidentielle. Deuxio, il doit signer et remettre une lettre de démission », témoigne un proche d’un candidat malheureux. Cette précaution se justifie par la protection du chef de gouvernement issue de la majorité contre le président de la République, selon la Constitution. Seulement, l’article 54 n’a jamais été appliqué et les plans prévus par Andry Rajoelina pour avoir la maitrise sur le gouvernement de la quatrième République ont échoué.

Lorsque Jean Ravelonarivo a contesté sa démission, la présidence de la République n’a pas fait de vague, se limitant à dire que le président sait ce qu’il fait, laissant entendre que la lettre de démission existe. D’ailleurs, Iavoloha n’estimait pas nécessaire la publication de la fameuse lettre signée, affirmant qu’il n’y était pas obligé. Jean Ravelonarivo aurait-il oublié qu’il a déjà signé une lettre sans date. De même, il avait un peu oublié le premier engagement en affichant une volonté de se positionner pour 2018. L’annonce répétée de sa non-candidature à la prochaine présidentielle a été interprétée comme une marche arrière pour sauver son poste de premier ministre.

Quoi qu’il en soit, l’ancien premier ministre a dénoncé de manière subtile le fait qu’on lui a forcé à démissionner. Il a réussi à ridiculiser la présidence en écrivant une lettre de démission postdatée. La missive est censée confirmer sa démission, mais il y a un détail qui fâche : la démission signée et publiée est arrivée après le décret présidentiel abrogeant la nomination du premier ministre. Théoriquement, cette grande décision n’aurait donc aucune base légale, à moins que la présidence ne présente la lettre pré-signée sur laquelle il avait suffi d’apposer une date. Tout cela sera nécessaire si et seulement si la Haute Cour Constitutionnelle étrangement muette voulait y voir plus clair.