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La mutinerie d’Ivato n’a pas eu le temps de devenir une tentative de coup d’Etat. Dans le camp du Régiment des forces d’intervention, des affrontements ont eu lieu faisant des morts du côté des mutins et des forces loyalistes, ce dimanche 22 juillet 2012. La situation a été maitrisée en début de soirée. Le bilan fait état d’au moins 4 victimes.

Mutinerie au régiment des parachutistes, dimanche noir pour l’armée malgache

Tôt le matin, vers 5 heures, des militaires à bord de deux véhicules 4×4 ont débarqué au camp du 1er RFI à Ivato. Appartenant au même régiment, ils ont « obligé » les soldats en service à se rallier à eux.

En tout cas, les mutins n’ont pas rencontré de résistance puisqu’ils ont pris le contrôle du dépôt d’armes, l’endroit le plus stratégique dans un camp militaire. Comme on est dimanche, les éléments de troupes présents dans le camp sont composés en grande majorité de jeunes recrues.

Les soldats qui ont pris le contrôle de la base l’ont fait savoir en tirant des coups de feu en l’air, réveillant le quartier d’Ivato. C’est une révolte des sous officiers des commandos parachutistes.

C’est le Caporal Kotomainty connu aussi sous le surnom de Black qui commandait les hommes. Vers 10 heures, l’armée communique officiellement sur la mutinerie et entreprend les négociations.

Une délégation d’une dizaine d’hommes non armés a été chargée de la mission. Les mutins ne voulaient pas négocier et ont sommé les « visiteurs » de ne pas entrer. Ils ont ouvert le feu.

La délégation est sortie en courant. On apprenait alors que deux hommes ont été blessés. Un peu plus tard, la nouvelle tombait, un capitaine et un homme de troupe ont été tués. Le point de non-retour a été franchi.

La riposte a été déclenchée. Les militaires loyalistes sont passés à l’attaque. Des éléments de l’unité d’élite de la gendarmerie sont en première ligne. La force d’Intervention spéciale de la HAT a été aperçue à Ivato mais ne semblait pas avoir le commandement des opérations.

Des éléments venant des autres corps ont été appelés en renfort. L’Emmo Reg de Richard Ravalomanana se contentait cette fois-ci d’assurer la sécurité dans les alentours.

A l’intérieur, les sous-officiers et soldats ne se laissaient pas faire. Les échanges de coup de feu ont eu lieu pendant des heures, même si de nombreux tirs étaient de dissuasion. Deux mutins ont été tués et deux autres blessés.

Du côté de la force loyaliste, un commandant a été blessé sans gravité. Un autre policier qui travaille à l’aéroport international d’Ivato situé à moins d’un kilomètre du camp militaire a été touché par une balle perdue. L’aéroport a été fermé, ce qui n’a pas empêché un avion d’une compagnie africaine d’atterrir puis redécollé aussitôt.

Vers 19 heures, après des tirs sporadiques, la situation a été maitrisée. On a appris que dans le camp se trouvaient au moins 150 hommes. Le nombre de mutins reste à déterminer. Il ne serait qu’une vingtaine, mais ont su convaincre les autres de gonfler le rang.

Nombre de jeunes recrues ne savaient pas quoi faire avec l’arme qui leur a été confiée, a noté un général. En tout cas, ils sont une trentaine à avoir pu s’échapper du camp en sautant un mur, attestant la thèse de l’enrôlement de force.

Le chef des mutins, le caporal Kotomainty a été tué. Ce soldat était un garde du corps du général Noël Rakotonandrasana, un mutin qui aidé Andry Rajoelina a renversé le président Ravalomanana et qui est aujourd’hui emprisonné pour une autre mutinerie et coup d’Etat le 17 novembre 2010, contre… Andry Rajoelina.

Un haut responsable de l’armée avance que 8 militaires seraient le cerveau de cette opération. L’implication d’un général n’est pas à exclure. De même, 4 civils ont été arrêtés. Deux civils seraient arrivés avec les mutins au petit matin pour distribuer de l’argent aux soldats présents.

Dans la soirée, 40 recrues et 70 soldats ont déjà été contrôlés. Les hauts gradés de l’armée ont démenti formellement toute formation de directoire militaire à Madagascar.