jeudi , 28 mars 2024
enfrit
L’ambassadeur des Etats-Unis réitère la position américaine contre les initiatives unilatérales de l’autorité de fait à Madagascar. Les menaces d’expulsion et autre pression contre la personne de Niels Marquardt n’ont rien changé. Le diplomate insiste sur la nécessité absolue de trouver le consensus politique, prévenant que tout scrutin imposé par une entité ne sera pas reconnu par la communauté internationale.

Niels Marquardt ou l’infranchissable barrière américaine

La différence entre les Etats-Unis et la France dans cette crise malgache, c’est que les premiers se limitent à un rôle d’observateur tandis que la deuxième va jusqu’à émettre une proposition de schéma de sortie de crise. Le simple avis de l’ambassadeur Marquardt ne manque pas pour autant d’influencer les positions autour de la manière de gérer cette fin de transition. Le diplomate rappelle que la solution idéale, selon la communauté internationale, reste l’application des accords signés. Les signataires comme les pays partenaires se doivent de les respecter, dit-il.

Niels Marquardt se montre pragmatique et admet que d’autres options de sortie de crise restent à considérer. Les Etats-Unis préconisent une solution entre malgaches mais qui doit se baser sur un principe fondateur : le consensus. L’ambassadeur américain n’a donc pas de schéma miracle pour le retour à l’ordre constitutionnel mais reste à l’écoute des autres membres de la communauté internationale qui en propose à l’instar de la France. Les Etats-Unis sont solidaires du Groupe international de contact formé autour de l’Union africaine. Pour ce qui est des sanctions contre les tenants du régime de transition, Niels Marquardt n’écarte pas l’hypothèse de voir l’application de ces mesures s’étendre.

La pression contre la HAT est donc maintenue. L’ambassadeur américain estime que l’autorité de fait n’est pas reconnue par la communauté internationale ni par une partie des malgaches. Ni légalité ni légitimité pour un régime installé suite à un coup d’Etat diplomatiquement appelé changement anticonstitutionnel de gouvernement. Niels Marquardt se dresse aussi sur le chemin de la HAT en rappelant que toute organisation unilatérale de scrutins ne fait qu’empirer la crise au lieu d’apporter la solution. Les Etats-Unis recommandent aux malgaches de passer par la voie de la réconciliation et du consensus avant de se lancer dans l’organisation d’une élection démocratique.

La prise de position non conciliante de l’ambassadeur américain ne plaît pas à la mouvance Rajoelina. Des proches de la HAT menacent même de toucher aux intérêts américains en guise de réprimande. L’autorité de fait a cru se débarrasser du problème Marquardt après que le président Obama ait décidé de suspendre Madagascar de l’AGOA, l’opportunité de développement sous forme d’avantage douanier accordé aux pays africains, et aussi du fonds de développement du millénaire qui a financé nombre de projets de développement. Ces mesures contre « le peuple malgache » devait rendre impopulaire la première puissance du monde mais la propagande anti-américaine n’a pas eu l’effet escompté. Les propos dissuasifs contre l’ambassadeur Marquardt n’a pas réduit le diplomate au silence.

Malgré le discours policé des diplomates, la crise malgache est souvent qualifié d’être le résultat d’une lutte d’influence géopolitique et économique entre les grandes puissances. Entre les imposants Etats-Unis et l’envahissante France, la communauté régionale SADC et l’organisation continentale Union Africaine essaient d’avoir les premiers rôles. Premier bailleur de fonds de Madagascar dans le domaine social, les américains sont les premiers à suspendre des financements et des projets. Les sanctions contre la HAT sont déjà réelles et celles-ci ont un impact sur la vie des malgaches.