jeudi , 25 avril 2024
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De retour au pays après un périple en Europe, le premier ministre Omer Beriziky a annoncé l’obtention partielle d’une aide européenne non remboursable en faveur de Madagascar. Les aides budgétaires seront débloquées dès que le pays montre un signe fort vers le retour à l’ordre constitutionnel.

Omer Beriziky – UE : des financements toujours otages de la politique

Combien d’argent Omer Berizky a-t-il pu ramener de son voyage ? C’est ainsi que l’on peut formuler les attentes des Malgaches. Le premier ministre de la transition lui-même affichait une certaine confiance, du moins une conviction.

« Suite à l’instauration des institutions de la transition, le moment est opportun de demander l’assouplissement des bailleurs de fonds européens », a-t-il en effet déclaré. La condition du soutien de l’UE est en effet « l’organisation des élections ».

Vraisemblablement, Madagascar en est encore loin. L’Union européenne veut se conformer au calendrier suggéré par les experts électoraux des Nations-Unies et espère que les scrutins puissent avoir lieu en mai 2013. Le financement de 17 millions d’euros obtenu par le premier ministre Beriziky est un appui à l’organisation des élections.

La configuration de la transition politique actuelle n’a pas encore permis à Madagascar d’être éligible au FED. Le premier ministre est donc revenu bredouille, lui qui espérait un geste de l’UE concernant les aides budgétaires.

Les 577 millions d’euros accordés à Madagascar ne sont pas débloqués. Par le biais du Commissaire en charge du Développement, l’UE promet que les fonds non utilisés par Madagascar dans le cadre de ce 10ème FER pourront être reportés.

« Il y aura un nouveau dialogue politique sur les accords de Cotonou », a annoncé Omer Beriziky. Selon le chef du gouvernement, une telle rencontre devrait se faire à Madagascar vers le mois de septembre 2011 et pourrait réunir les représentants de l’UE, l’Etat malgache, la société civile et le secteur privé.

« Quand il y aura un calendrier clair dans le processus de sortie de crise, il est possible de lever les sanctions progressivement », s’enthousiasme le premier ministre.

Madagascar peut par contre bénéficier sans attendre des programmes d’appui aux populations. Une enveloppe de 100 millions d’euros a été accordée par l’UE pour appuyer les services sociaux de base dans les domaines de la santé et l’éducation.

Ce financement concerne aussi le secteur agricole et la sécurité alimentaire. L’UE apporte un soutien aux populations rurales et à la société civile. Les populations les plus vulnérables qui subissent les aléas de la transition politique pourront aussi bénéficier de cette aide.

Ancien ambassadeur de Madagascar auprès de l’Union Européenne, Omer Beriziky était en terrain connu à Bruxelle. L’homme politique a-t-il pris une nouvelle dimension, lui qui est étouffé par Andry Rajoelina et sa mouvance, pratiquement privé de pouvoir. La tendance est en train de se renverser et le premier ministre de consensus affiche sa divergence avec le chef de la transition.

Omer Berziky remet en cause la politique populiste, anti-économique et à visée électorale de la HAT qui refuse d’appliquer la vérité des prix, y compris la taxation sur les produits d’hydrocarbure. L’Etat doit subventionner les pétroliers qui y perdent quand même beaucoup d’argent.

Quoi qu’il en soit, le premier ministre Beriziky est satisfait de l’évolution de sa relation avec Andry Rajoelina. Il se félicite de la restructuration de l’Etat selon la feuille de route. Officiellement, la mouvance Rajoelina n’a plus le monopole du pouvoir qu’elle a gagné par un coup d’Etat militaro-civil en 2009.