vendredi , 29 mars 2024
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« Jamais deux sans trois », cela aurait pu être jamais 4 sans cinq. Le président de la transition s’est exprimé devant l’assemblée générale des Nations-Unies en tentant une nouvelle fois de se débarrasser de son étiquette de putschiste. Il dénonce la non reconnaissance du mouvement populaire à Madagascar en 2009 qu’il a mené pour prendre le pouvoir alors que les vraies révolutions du printemps arabes ont été acceptées par le concert des nations.

ONU : Andry Rajoelina se justifie toujours pour son coup d’Etat

Peut-il réécrire l’histoire ? Andy Rajoelina a voulu donner une leçon au monde entier et aux dirigeants de la planète, s’estimant être injustement rejeté par la communauté internationale. Cette compréhension manifestée à l’endroit des pays qui ont connu le printemps arabe, « Madagascar aurait souhaité pouvoir en bénéficier, lorsque le Peuple Malagasy s’est soulevé contre un régime contesté, pour revendiquer une vie meilleure, à travers la mise en place d’un véritable changement », a déclaré Andry Rajoelina.

Seulement, son régime illégitime a été aussi contesté et a tenu en place grâce à une connivence avec des hauts responsables de l’armée et de la gendarmerie. Il n’y a pas eu de « véritable changement » mais des tergiversations.

Le chef de la transition met les inégalités de traitement des pays en crise politique sur le compte de la méconnaissance de l’aspiration populaire et de la réalité sur le terrain. Il estime que la communauté internationale s’est trompée sur la décision à prendre. « Ce qui est valable ailleurs, ne l’est-il pas pour autant pour Madagascar ? », dit-il. L’ancien maire d’Antananarivo n’a pas mené une soi-disant révolution, mais a utilisé la foule pour prendre le pouvoir, aidée sur la fin par une frange de l’armée.

« Partout dans le monde, des gens descendent dans la rue, ou occupent des places, pour se faire entendre de ceux qui sont au pouvoir. Ils veulent que nous, leurs Dirigeants, les écoutions ». A Madagascar, Andry Rajoelina a interdit les citoyens et les opposants à occuper les places, pas même celle de la démocratie qu’il avait inaugurée pour maquiller son putsch en 2009. Il ne les laisse pas s’exprimer, même un candidat à la présidentielle qui réclamait la tenue des élections a été arrêté avec brutalité.

« Les Malagasy ne sont pas tombés dans le piège du conflit interne dont certains n’auraient pas hésité à profiter… Madagascar a pu éviter la guerre civile». Ce serait grâce aux sacrifices, à l’abnégation et l’humilité de Rajoelina. En un seul discours, il efface tout ce dont il a manqué durant 4 ans.

« Est-ce que nous avons le courage et la sagesse, pour se sacrifier pour le bien de notre Peuple, pour éviter l’affrontement »? Andry Rajoelina se sent sage et courageux, car il a été contraint de se retirer de la course à la présidentielle, ce qui pour lui a été visiblement un grand sacrifice.

Ce qui ne l’empêche pas de tourner la situation à son avantage : « pour débloquer la crise politique, j’ai tout mis en œuvre pour préserver l’unité nationale et les intérêts supérieurs du Peuple Malagasy, et je suis arrivé à la conclusion de ne pas me porter candidat, à notre prochaine élection présidentielle ». Non, ce n’était pas du tout sa conclusion mais celle de la SADC et du Groupe international de contact.

Andry Rajoelina a fait régresser son pays de plus de dix ans à cause de son putsch et de sa difficulté à gouverner un pays sans la reconnaissance nationale et internationale. « Madagascar peine encore à atteindre tous les objectifs du millénaire, et ce, en dépit des efforts que tous, nous aurons déployés et acceptés », dit-il. Il admet à demi-mot le cuisant échec de son bilan qui a été embelli artificiellement par la construction de quelques hôpitaux et la capacité à payer les salaires des fonctionnaires.

Enfin, Andry Rajoelina cite un écrivain, l’anglais James Freeman Clarke : « la différence entre le politicien et l’homme d’Etat est la suivante : le premier pense à la prochaine élection, le second pense à la prochaine génération ». En quatre ans de pouvoir à essayer de devenir le premier président élu dans une république qu’il a façonnée à sa mesure, il a surtout démontré qu’il n’est ni l’un ni l’autre.