mercredi , 24 avril 2024
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Il aura fallu deux mois et demi au président de la République pour nommer l’un des deux ex-candidats qui l’avaient proposé comme remplaçant à l’élection présidentielle. Kolo Roger, le doyen l’emporte donc sur Jules Etienne. Et pourtant, le chef de l’Etat affirme que ce choix a été proposé par le parti ou le groupe de parti majoritaire à l’Assemblée nationale, dans le respect total de l’article 54 de la Constitution, sans jamais citer le MAPAR. Lors de la cérémonie de présentation du premier ministre, plutôt du nom de ce dernier, Hery Rajaonarimampianina a curieusement évité de le prononcer.

Premier ministre Hery Rajaonarimampianina a choisi Kolo Roger, sans le nommer !

« Après de longues et mures réflexions, après avoir consulté les différentes parties prenantes de la vie politique, j’ai choisi Roger Kolo comme premier ministre de la 4ème République ». Non, Hery Rajaonarimampianina n’a pas fait une telle déclaration. Il a commencé par une longue tirade pour rappeler aux Malgaches qu’il a des promesses à tenir et un défi à remporter pour ce qui est de la relance économique, insistant sur la réconciliation nationale et le partage des richesses nationales au bénéfice de tous. C’est à la lecture du décret présidentiel par le secrétaire général de la présidence de la République que le nom de KOLO Christophe Laurent Roger a été dévoilé comme étant celui du nouveau premier ministre.

« Il y a eu de nombreuses personnalités proposées par les députés issus des partis majoritaires, des gens compétents », a argumenté Hery Rajaonarimampianina, essayant ainsi de présenter le premier ministre de son choix comme celui de la majorité. Il a admis avoir choisi une personne qui peut travailler avec lui en toute sincérité, qui peut l’aider à trouver les solutions pour développer le pays, une personne compétente qui est capable de diriger le gouvernement. Le président flatte de manière indirecte Kolo Roger, sans toujours le nommer, et se justifie de ne pas avoir choisi l’un des candidats du MAPAR qui revendique une majorité relative lui permettant de diriger un gouvernement piloté à distance par Andry Rajoelina.

« En tant que président de la République, je me base sur la réconciliation nationale et l’intérêt commun pour la lecture de l’Article 54 de la Constitution ». En tout cas, la majorité relative du Mapar ni la majorité absolue, mais fragile formée par les députés pro-Rajoelina avec les indépendants du GPS n’ont été considérées. Le président n’a pas précisé la composition de la majorité qui a fait de Kolo Roger son champion mais celle-ci serait constituée de 93 députés, dont certains sont issus du Mapar. Il estime que Madagascar « a besoin d’un gouvernement stable, inclusif et reflétant la réconciliation nationale ». En tout cas, Hery Rajaonarimampianina affirme que toutes les conditions ont été remplies pour nommer son premier ministre. « Nous sommes tous pressés de tourner la page et de regarder vers l’avenir », dit-il.

Kolo Roger est un médecin spécialiste de la radiologie qui exerçait à Genève. Il s’est présenté à l’élection présidentielle de 2013, sans parti et se déclarant être un candidat d’ouverture. Finalement disqualifié par la Cour électorale spéciale, il s’est lié avec un autre membre de la diaspora évincé, Jules Etienne, pour présenter le ministre des Finances de l’époque. Qu’en dit le MAPAR qui revendique d’avoir fait élire le président ? L’éviction de Haja Resampa et la disqualification d’office d’Andry Rajoelina pour son implication au coup d’Etat de 2009 ont été dures à digérer. Au mois de février déjà, le nom de Kolo Roger avait circulé comme le candidat potentiellement accepté par le MAPAR mais en échange, Andry Rajoelina souhaite contrôler à distance les ministères de souveraineté. Entre-temps, le rapport de force a changé. Le président Rajaonarimampianina dit espérer le ralliement du Mapar à la majorité. La formation du gouvernement permettra de savoir si la page de la Transition est définitivement tournée.