Il était en embuscade mais très peu voyaient en lui le premier ministre technicien qui devra mener la réalisation du programme du président Hery Rajoanarimampianina dont les promesses électorales tombaient dans le précipice de la non-réalisation, les unes après les autres. Le premier ministre Solonandrasana Olivier Mahafaly a été choisi pour son expertise supposée dans la gestion des élections. Ses multiples échecs dans les micmacs pour empêcher l’opposition de gagner les municipales dans la Capitale ont été effacés par une écrasante victoire du parti au pouvoir lors des communales et des sénatoriales.
L’ancien ministre de l’Intérieur n’a sans doute pas été le membre du gouvernement Ravelonarivo le plus performant. Peu importe, il a été finalement efficace aux yeux du président de la République. Confier une autre mission au nouveau premier ministre que de faire gagner les élections de 2018 au parti HVM est peu crédible. Solonandrasana Olivier Mahafaly ne peut pas échapper au jugement du bilan. Sur ce point, il est très loin de faire l’unanimité, car il s’est distingué par de nombreuses manipulations légales et réglementaires pour influencer les élections dans un sens. Tous les ministres de l’Intérieur ont fait la même chose au service du pouvoir en place. La question est : Solonandrasana Olivier Mahafaly a-t-il réussi. Apparemment oui. En tout cas, les indicateurs sont au vert, certains diront au bleu. 3 maires sur 4, 5 sénateurs sur 6, le ratio de victoire du parti HVM dépasse toutes les espérances. Le parti présidentiel a gagné en notoriété et en légitimité, des choses qu’il n’a pas eues avec les députés transfuges.
Le régime a donc fait un demi-changement de gouvernement, un remaniement extrême qui a vu le premier ministre sortant remplacé par un de ses ministres. « Le choix du ministre de l’Intérieur est révélateur des intentions du président pour le reste de son mandat. Les priorités ne seront pas l’économie ni le social, tout discours à ce sujet sera pure propagande », fulmine E. R, cadre dans un ministère à vocation économique. Il reproche au pouvoir d’avoir enterré le Plan national de développement dont le Plan de mise en œuvre fait par le premier ministre Ravelonarivo n’a jamais été mis en exécution. « La logique aurait été de nommer Rivo Rakotovao, parce qu’il est le chef du parti au pouvoir et qu’il a été en charge des projets présidentiels, donc de la réalisation du programme de Hery Rajaonarimampianina ».
Pour un ancien membre du cabinet du premier ministre « démissionnaire », le changement de gouvernement risque de ne pas être complet. « On voit mal messieurs Rajaonarimampianina et Solonandrasana changer tout le gouvernement. Ils choisissent donc la continuité alors que le pays a été au point mort depuis le début de l’année », explique-t-il. Une analyse qui est confrontée par un communiqué du Conseil des ministres : « le renouvellement d’une partie du Gouvernement doit permettre de répondre aux impératifs d’un contexte qui évolue rapidement et qui exige de l’anticipation, un engagement sans faille, des résultats tangibles répondant aux attentes trop longtemps insatisfaites de la population ». Les deux têtes de l’exécutif reconnaissent pourtant que l’ancien gouvernement n’avait pas de bons résultats et n’ont pas satisfait les attentes de la population. Les promesses présidentielles peuvent être mises aux oubliettes.