jeudi , 25 avril 2024
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Malgré sa logique disqualification, sur le plan politique, en raison de son coup d’Etat militaro-civil de 2009, on a fait croire au jeune président TGV qu’il sort par la grande porte. Sa vraie vérité sur les évènements de Madagascar n’a jamais convaincu la communauté internationale qui aurait fait de lui une victime contrainte au sacrifice. Andry Rajoelina, toujours un brin plus prétentieux, s’autoproclame le plus grand homme d’Etat africain qui a su éviter la guerre civile, le plus grand patriote, le plus grand chefs d’Etat qui sait renoncer au pouvoir, le plus grand bâtisseur depuis... le roi David.

Quand on se fait jeter par la grande porte, c’est toujours une belle sortie !

Andry Rajoelina a affronté la communauté internationale, la SADC et les Etats-Unis en particulier, pour imposer sa candidature dans un pays qu’il dirige. La stratégie de la souveraineté nationale n’a pas fonctionné puisque le putschiste ne peut y prétendre. Au final, le chef de la transition a cédé et a dû renoncer à une candidature qu’il prépare depuis 2010, l’année où il a pris un engagement « d’homme d’Etat » pour ne pas être candidat. Ce qui ne l’empêche pas de s’autoproclamer victime, patriote et super homme d’Etat qui a mis au plus haut point l’intérêt supérieur de la nation après avoir échoué dans ses multiples tentatives de coups de force diplomatiques.

Le discours est en effet incohérent quand on qualifie de sacrifice en 2013 un engagement solennel, présenté comme celui d’un homme d’Etat et d’un homme de parole, pris presque 3 ans plutôt. Andry Rajoelina a rompu son engagement, encouragé par ses partisans et les autres politiciens qui ont profité de la transition. Il a été contraint par le reste du monde à le respecter. Certains médias parlent d’une menace de gel des avoirs extérieurs du président de la transition. Ce qui est certain c’est que Madagascar encourait une nouvelle longue sanction comme c’est déjà le cas depuis 2009.

L’annonce par le président en exil Marc Ravalomanana a précipité la chute du candidat Andry Rajoelina. Ce dernier persistait pourtant dans sa volonté de s’accrocher au pouvoir et valider le coup d’Etat de 2009 par les urnes. Il accusait le président évincé de ruse, rappelant l’épisode de Dakar en 2002. En termes de non-respect d’accord politique, Andry Rajoelina s’est illustré à maintes reprises, à commencer par les accords de Maputo jusqu’à la feuille de route qu’il n’a jamais été appliquée dans son intégralité. Et le voilà qui veut changer le calendrier électoral pour avantager sa mouvance puisque la donne a changé depuis sa non-candidature à la présidentielle.

Le « Ni, ni » ou ni Rajoelina ni Ravalomanana aux élections a pris une tournure irréversible quand Marc Ravalomanana l’a accepté. S’en est suivi une série de plaidoirie et de discours enflammés du chef de la transition sur la souveraineté des malgaches à choisir celui qu’ils veulent diriger le pays. La candidature d’Andry Rajoelina était donc devenue pour l’intéressé et ses partisans une affaire de souveraineté nationale. Pour un chef d’Etat non élu et qui est reconnu sur les plans national et international grâce à un accord politique dénommé feuille de route, le discours est forcément celui de n’importe quel apprenti dictateur qui cherche à s’accrocher au pouvoir.

Quand il a annoncé sa non-candidature, Andry Rajoelina a tenu des propos qui laissaient croire qu’il a démissionné, ou pire, a été licencié. La propagande a repris de plus belle depuis, puisque la tergiversation de deux ans qui a valu aux malgaches et à Madagascar des sanctions internationales, un marasme économique, un appauvrissement et une insécurité sans précédent, est tue. Andry Rajoelina sort-il par la grande porte grâce à des investissements publics monopolisés par la présidence de la transition pour faire des réalisations à sa gloire. Certainement, sauf que ladite porte a été fracassée. 

Une sortie par la grande porte, Andry Rajoelina l’a définitivement raté en mars 2011 quand il a dépassé la date limite légale de la transition. Entre la première annonce de sa non candidature et cette date, il a pris un virage par un référendum constitutionnel très personnalisé pour lui permettre d’être candidat et de rester indéfiniment à la tête de la transition. Le prétendu homme d’Etat est trahi par ses actes et ses discours. La non-candidature du putschiste de 2009 à la présidentielle n’est ni un sacrifice ni un acte patriote, c’est tout simple une défaite et une désillusion.