samedi , 20 avril 2024
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Déjà célèbre pour ces coups d’éclat et son petit cinéma devant les médias, le commandant Charles Andrianasoavina a bénéficié d’une publicité supplémentaire. Une rumeur, une information selon ses collègues, sur la mise à prix de sa tête a circulé.

Qui veut se payer la tête du commandant Charles ?

On ne parle que de lui parce qu’il le souhaite évidemment. Le commandant Charles a été l’un des meneurs des mutins lors du processus de coup d’Etat en mars dernier. L’homme du CAPSAT s’est révélé au grand jour quand il a fait sa première bourde médiatique au lendemain du coup de force d’Antanimena. 
« Je n’ai pas maltraité le pasteur Lala Rasendrahasina, on l’a juste retenu en otage pour que les généraux signent la passation du pouvoir à Andry Rajoelina ! » Comme pour justifier l’interpellation du pasteur, le même jour, l’officier annonce que les journalistes sont témoins du fait que le garde du corps du président de l’église FJKM est impliqué dans la fusillade d’Ambohitsorohitra, un point de vue plus qu’arbitraire.

Avec de telles déclarations faites devant les journalistes, il est difficile de défendre après qu’il n’y a pas eu de coup d’Etat. Une chance pour la HAT que la haute Cour Constitutionnelle n’a pas été très regardante sur les circonstances de sa prise de pouvoir, se contentent d’examiner des documents. Depuis, le commandant Charles conduit les opérations militaire de la Commission nationale mixte d’enquête, une sorte de police d’Etat créée par le gouvernement de transition. Une telle structure est contextuelle et n’est pas appelée à durer. 

On doit au commandant Charles les arrestations des parlementaires, députés et sénateurs TIM à Ambohipo. Il raconte : « ils ont fait demi-tour en nous voyant, j’ai vu le visage de celui-ci – le sénateur Lanto Randrianantoandro – et je me suis dit, celui-là, il monte des barrages à Antsirabe, je l’arrête ». Pour leur défense, dans ce flagrant délit de demi-tour, un député avait déclaré devant la presse réunie par le fameux commandant qu’ils ont fait marche arrière c’est que la rue a été occupée par une foule. Le commadant Charles a aussi mené l’opération pour arrêter le responsable de la sécurité de la HCC, Ralitera Randrianandraina. 

Le plus grand fait d’arme du commandant Charles et sans doute l’arrestation du premier ministre Manandafy Rakotonirina qui a été nommé par le président Ravalomanana. Si les officiers légalistes ont été rués de coups et déshabillés – torse nu – le commandant Charles s’est chargé personnellement de Manandafy Rakotonirina. A ce qui a paru comme un acte de violence sur un vieil homme de plus de 70 ans, l’homme à la kalachnikov prétendra qu’il n’a fait que caresser sa proie.

Héros ou haï, le commandant Charles est d’une efficacité presque admirable. Ses déclarations reportées dans la presse sur le meneur du mouvement légaliste, Constant Raveloson, recherché mort ou vif, fait cependant froid dans le dos. Le politicien a déposé une plainte de réserve. Du coup, c’est le commandant Charles qui a été mis à la place de la victime par ses collègues. Sa tête serait mise à prix à 100 millions d’ariary. Une information que peu de monde a pris au sérieux. 

C’est à se demander si quelqu’un veut se payer la tête du commandant Charles en prétendant qu’il y a des gens prêts à payer une fortune pour avoir sa tête. Serait-il « wanted » comme le colonel Coutiti en 2002. Le commandant Charles par ses actions de communication, bien que souvent catastrophiques, a acquis l’image d’un officier omnipotent, parfois incontrôlable. Il pourrait arrêter tout le monde sans mandat. Malgré sa fonction de police politique, on doit reconnaître qu’il fait plutôt de la dissuasion avec la manière forte, sans forcément tuer comme l’ont fait d’autres bras armés. En tout cas, les médias en a fait un monstre… médiatique !