vendredi , 19 avril 2024
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La diplomatie de la HAT a retrouvé une certaine couleur depuis que les Nations Unies ont envoyé une « invitation personnelle » à l’endroit du chef de l’autorité de Madagascar pour l’Assemblée générale de 2010. C’est le ministre des Affaires Etrangères qui s’est rendu à New York. Il est revenu avec la conviction d’avoir convaincu le monde sauf la SADC. Et voilà que les émissaires du médiateur Chissano débarquent à nouveau à Madagascar.

SADC : la diplomatie affective de la HAT à l’épreuve

Déjà venus à Madagascar à plusieurs reprises, le Dr Leonardo Simao pourra constater l’évolution de la situation de la crise politique. Depuis son dernier passage qui a coïncidé à une dernière tentative de pourparlers entre les mouvances protagonistes avant la conférence nationale unilatérale de la HAT, les choses ont évolué puisque l’autorité de fait a déjà annoncé avoir franchi le point de non retour. Les résolutions de la conférence nationale ne sont pas toutes appliquées mais le référendum constitutionnel et des élections communales demandées par les partisans TGV sont déjà en préparation.

La HAT réduit encore plus les marges de manœuvre laissées au consensus. Les trois mouvances pourront toujours se contenter des miettes lors de la distribution des rôles dans le parlement de la transition bis. Pour ce qui est du projet constitutionnel, le mal est déjà fait. Même si le Conseil consultatif constitutionnel se défend d’avoir reçu des ordres ou une proposition provenant de la HAT, le texte qui sera voté au référendum du 17 novembre 2010 sert l’intérêt de l’autorité en place et celui de Andry Rajoelina en personne.

Ramino Paul, le président des Raiamandreny Mijoro, organisateur de la conférence nationale commanditée par la HAT a affirmé que la rencontre qui a été boycottée par les trois mouvances autres que Rajoelina a déclenché un début de reconnaissance internationale. Il lie l’invitation des Nations Unies adressée à Andry Rajoelina au succès de la conférence nationale. Le ministre des Affaires Etrangères de la HAT a affirmé avoir convaincu le monde. La propagande de l’autorité de fait sur sa version de la vérité de la crise malgache aurait été finalement entendue.

Le ministre Hyppolite Ramaroson a le discours d’un militaire et non pas celui d’un diplomate. Il rapporte qu’il a tenu tête à la SADC, accusant l’organisation régionale d’être le blocage de la sortie de crise et aussi d’être complice du président Ravalomanana en accueillant une personne qui a été condamnée par la justice malgache. Selon le chef de la diplomatie de la HAT, la SADC a démontré en marge de l’Assemblée de l’ONU qu’elle a un problème avec les autorités malgaches. Cette aversion aurait été interprétée par les hauts responsables des Nations Unies en faveur des malgaches.

La SADC ne s’émeut pas des déclarations choc de la diplomatie de la HAT. Les émissaires du médiateur Chissano travaillent toujours pour la mise en place d’un accord politique malgacho-malgache.  La HAT et la mouvance Rajoelina sont sur la défensive. « S’ils viennent pour remettre en cause ce qui a été décidé entre malgaches, c’est inutile, déclare Jean Lahiniriko. Quel que soit l’accord à trouver, il faut que nous avancions vers les élections ». 

La SADC a toujours la confiance des partenaires internationaux de Madagascar. « L’UE continue de suivre le processus de discussion malgacho-malgache, il n’y a pas eu de changement par rapport à la position de juin », souligne l’ambassadeur des 27, Leonidas Tezapsidis. En clair, la conférence nationale et les déclarations d’intention de la HAT n’ont rien changé.